Prudence et circonspection guident la BCE

L'heure de la mise en ?uvre de stratégies de sortie de crise n'a pas encore sonné pour la Banque centrale européenne (BCE). D'une extrême prudence sur la situation conjoncturelle, Jean-Claude Trichet l'a martelé lors de sa conférence de presse de rentrée. « Bien des défis restent à relever » pour le président de la BCE qui, même s'il estime que le pire de la crise est passé, prédit « une route caho­teuse » au cours des trimestres à venir. Rien d'étonnant dans ces conditions que, à l'issue de son conseil, la BCE ait maintenu le statu quo sur son taux directeur, abaissé à un plancher historique de 1?% en mai dernier. Niveau que Jean-Claude Trichet a qualifié d'«?approprié?», ce qui signifie qu'un durcissement monétaire n'est pas dans le collimateur. Une grosse majorité d'observateurs de la BCE estime d'ailleurs que le principal taux directeur ? le taux de refinancement ? ne sera pas modifié avant la mi-2010, pour permettre à la modeste croissance retrouvée de s'enraciner. Il serait d'autant plus incohérent de relever trop rapidement le taux directeur que l'Eonia, le taux au jour de la zone euro, s'aligne progressivement sur le taux plancher de la BCE, celui des dépôts, fixé à 0,25 %. Parallèlement, les mesures d'urgence mises en place pour débloquer les marchés financiers et stimuler l'activité, sous forme d'injections massives de liquidités et plus récemment de rachats d'obligations sécurisées, ne seront pas levées dans l'immédiat. « incertitudes élevées »«?La liquidité sera absorbée dès que nécessaire pour éviter une recrudescence d'inflation?», a expliqué Jean-Claude Trichet, mais la BCE ne dénouera ses mesures de soutien que lorsque la reprise sera assurée. La BCE a également reconduit en l'état la mesure non conventionnelle phare annoncée au tout début de l'été : elle avait alors procédé à sa première opération de refinancement à un an, au lieu du maximum de six mois jusque-là en vigueur, fournissant aux banques de la zone euro des liquidités en quantités illimitées. La demande avait atteint le montant record de 442,24 milliards d'euros. La prochaine opération, qui a lieu le 29 septembre, se fera, comme la précédente, au taux de 1 %, c'est-à-dire que la BCE n'exigera aucune prime, comme l'anticipaient certains stratèges. Les « Sages » de Francfort n'ont pas l'intention de jouer avec le feu et de risquer un double plongeon dans la récession. « Prudence et circonspection » sont leurs deux maîtres mots.Car la reprise ne sera que « très graduelle » et « les incertitudes restent élevées », estime le président de la BCE. Même si ses équipes économiques ont révisé en hausse les prévisions d'évolution du PIB, à ? 4,1 %, contre ? 4,6 % pour 2009 et + 0,2 % contre ? 0,3 % pour 2010. Plus qu'un retour à la croissance, on assiste donc plutôt à une stabilisation de l'économie. Rien qui n'incite à la normalisation rapide de la politique monétaire.
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