Le bloc-notes de Stéphane Soumier

STRONG>? DÉSAMOURJ'ai décroché du CAC. Ça m'est tombé dessus comme une évidence, tout à coup, cette semaine. À vrai dire, quand je regarde les choses tranquillement, j'ai du mal à dater la rupture. Ça s'est fait doucement, comme une usure autour des 3.500 points. Pourtant, j'en suivais assidûment toutes les courbes, je guettais, fébrile, son moindre mouvement, je m'enchantais de ses passions, de ses emballements, de ses erreurs. J'ai adoré le nouvel an à 4.000, les sommets qui s'ouvraient derrière, les « moyennes mobiles » et les « paliers graphiques ». Et puis, je me serais lassé ? Non, c'est plutôt lui qui s'est échappé. Encore une fois, tout s'est joué doucement, mais il est devenu nerveux, colérique, s'inventant des peurs, y réagissant de manière démesurée. La semaine dernière, l'Irlande, et puis les banques. Tenez, les banques, on nous rejoue le compte à rebours (roulements de tambour, accrochez-vous), elles doivent rembourser des centaines de milliards à la banque centrale... et alors ? Alors, on a envie de poser la question brutalement, vulgairement : vous n'en avez pas marre de vous inquiéter de la solidité des banques ? Si elles devaient tomber, elles l'auraient fait depuis longtemps, non ? D'ailleurs, j'ai décroché du CAC, comme pas mal de ceux qui investissaient de manière individuelle si j'en crois la patronne de la SEC, aux États-Unis. Elle a tiré le signal d'alarme, « les particuliers sont partis », elle date même le départ massif du fameux flash-crack du printemps dernier (quelques heures de bug informatique qui ont envoyé la moitié de Wall Street au tapis). Ici, mon vague à l'âme n'intéresse personne, et pourtant, si moi, j'ai décroché du CAC, c'est forcément que je suis loin d'être le seul.? AU FAIT...Vous avez remarqué qu'avant son lapsus, Rachida Dati était en train de dire n'importe quoi : « Aujourd'hui, vous avez des fonds d'investissement étrangers [ça ne nous rajeunit pas mais ça me rappelle Superdupont contre ?l'anti-France? (sic)] qui réclament des rendements de 20-25 % alors qu'il n'y a pas... d'inflation... » Mais elle a vu ça où ? Des rendements de 20-25 %, et pourquoi pas 50 ? Comment est-ce qu'on peut, nous, se contenter d'une telle médiocrité ?? TIGRES DE PAPIEROn sait déjà qu'ils n'en auront pas le courage. En deux coups de fil à la veille du week-end, on sentait que les députés préparaient un de ces compromis qui font petit à petit la ruine des nations. Pourtant, ils avaient jeté les ponts sur le Rubicon en proclamant qu'ils ne prolongeraient pas la durée de vie de la Caisse d'amortissement de la dette sociale. C'est technique, abscons, mais ça voulait dire mettre fin à une hypocrisie de quasiment 200 milliards d'euros. Seulement, la cavalerie de la majorité n'ira pas plus loin, parce qu'un vote définitif de l'Assemblée là-dessus aurait des allures de coup d'État. Il n'y a qu'une seule façon de rembourser la dette sociale : augmenter les cotisations. Et ça, personne aujourd'hui n'est prêt à le dire. Le problème, c'est qu'on a pu lire les premières conséquences de ces lâchetés dans les chiffres de l'Insee voilà dix jours : les très légers gains de pouvoir d'achat ne se retrouvent pas dans la consommation, il semble bien que les Français aient plutôt décidé de les mettre de côté. C'est que nous ne sommes pas plus idiots que les députés de la commission des Lois, nous savons nous aussi qu'on essaie de mettre sous le tapis des dettes insurmontables. Et ce mouvement d'épargne pourrait bien durer, tant que le gouvernement ne montrera pas qu'il a pris la mesure du défi, avec un plan crédible qui permette enfin d'y voir clair. Les députés connaissent évidemment ces enjeux. Ne manque qu'un soupçon de courage. ? RIVERDEPetite phrase du nouveau patron de la banque Santander en France, Stéphane Boujnah : « Le Brésil va bientôt pouvoir accueillir les déçus de la Chine. »
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.