Pourquoi HP comme Nokia recrutent leur PDG dans l'univers du logiciel

Si un haut dirigeant souhaite aujourd'hui prendre les rênes d'un groupe d'informatique ou de téléphonie mieux vaut qu'il justifie sur son CV d'une solide expérience dans l'univers du logiciel. La preuve avec Leo Apotheker, ancien patron de l'éditeur allemand de logiciels SAP, dont la nomination au poste de président exécutif du fabricant américain d'ordinateurs HP, en remplacement de Mark Hurd (débarqué le 6 août pour « écart de conduite »), a été annoncée à la veille du week-end. Et Ray Lane, le nouveau président non exécutif de HP, qui prendra également ses fonctions le 1er novembre, vient lui aussi du logiciel puisqu'il a oeuvré chez Oracle. Dans un autre univers, début septembre, le finlandais Nokia, premier fabricant mondial de téléphones mobiles, a recruté son nouveau PDG, Stephen Elop, chez Microsoft. Ce dernier vient d'annoncer le remplacement d'Elop par Kurt DelBene, dans le groupe depuis dix-huit ans, à la tête du pôle Office.Pourquoi les ténors du « soft », le logiciel, ont-ils ainsi le vent en poupe chez les fabricants de « hardware », le matériel ? Dans l'informatique, les groupes comme HP, initialement spécialisés dans la construction de PC et de serveurs, sont en train de faire évoluer leur modèle économique. Après s'être diversifiés dans les services, plus lucratifs que la commercialisation de matériel informatique, les voici qui investissent le domaine du logiciel. Un domaine où, là encore, les marges sont autrement plus élevées que dans la vente d'ordinateurs, et même de serveurs. De fait, la division logiciels de HP a dégagé une marge opérationnelle de 21,2 % au troisième trimestre de l'exercice en cours, alors que la rentabilité du pôle serveurs n'a pas excédé 12,3 % et que celle de la branche PC s'est limitée à 4,7  %.disposer d'une offre globale Au-delà d'une amélioration sensible des marges, le développement des constructeurs informatiques dans le secteur du logiciel permet à ces derniers de proposer une offre globale à leurs clients. C'est pourquoi HP a récemment acquis les éditeurs de logiciels ArcSight et Fortify Software, et qu'IBM a fait main basse sur Netezza. Enfin, si les fabricants d'ordinateurs mettent l'accent sur le logiciel, c'est également parce que les éditeurs de logiciels, eux aussi, entendent disposer d'une offre globale et investissent donc des créneaux jusqu'alors réservés aux constructeurs : en finalisant, en début d'année, le rachat du fabricant de serveurs Sun Microsystems, Oracle s'est positionné en concurrent de HP et d'IBM. C'est dire si l'expérience de Leo Apotheker, 57 ans, dans le logiciel et dans l'intégration de sociétés rachetées sera précieuse à HP. Même si son profil assez dur lui avait coûté son poste à la tête de SAP en février. Tout comme celle de Stephen Elop pourrait permettre à Nokia de refaire son handicap dans les smartphones, ces téléphones intelligents connectés à Internet.En effet, la perte de vitesse du groupe sur ce marché résulte en grande partie de l'insuffisance de Symbian, son système d'exploitation ou OS (Operating System), c'est-à-dire le logiciel qui permet de faire fonctionner le smartphone et d'utiliser les applications de l'OS. Car, au cours des trois dernières années, le nerf de la guerre sur le marché des smartphones s'est déplacé du terminal mobile au logiciel qui se trouve à l'intérieur. Et ce, en raison de l'arrivée, en 2007, de l'iPhone d'Apple et de son fabuleux magasin d'applications, l'App Store. Qui doit maintenant compter avec Android, l'OS développé par Google, lequel devrait faire jeu égal avec le Symbian de Nokia dès 2014, selon le cabinet Gartner. Le logiciel est décidément promis à un très bel avenir.
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