Quand la photo documentaire s'invite au Bal

Dans les Années folles, on se rendait dans cet « Hôtel d'amour » aux lignes modernistes pour aller guincher. Près d'un siècle plus tard, ce sont nos esprits que fait danser cet ancien lieu de plaisir. Car cet espace, nommé « Le Bal » en souvenir de son activité passée, a été transformé grâce à Raymond Depardon, Diane Dufour et l'Association des amis de Magnum, en un lieu dédié à la représentation du réel, qu'il s'agisse d'images fixes, animées ou des nouveaux médias. Avec l'idée géniale de former des regardeurs avertis sur le monde, en offrant aux visiteurs un lieu superbement rénové, doté d'un café, d'une librairie, d'une alléchante programmation de conférences, débats, ou performance. Et surtout d'une salle d'exposition dont la première manifestation donne le ton.Au mur, des photos et des projections de films expérimentaux. Tous ont dans leur ligne de mire des anonymes américains. Comme cette foule massée sur l'escalator de l'ancien building de la Pan Am à New York, descendant vers la gare de Grand Central. Sauf que Standish Lawder a filmé cette « Necrology » à l'envers ce qui donne l'impression que ces hommes et ces femmes montent au ciel. Chancey Hare, a pour sa part photographié à la fin des années 1970 des ouvriers chez eux, marqués par des années de labeur, comme abandonnés du monde. Mais à travers cet ensemble, « Le Bal » s'interroge sur la manière de représenter l'anonymat de citoyens lambdas au sein d'une société mondialisée prônant l'individualisme à outrance. Jeff Wall a lui choisit pour ses images « presque documentaires », la mise en scène de situation réelles. Bruce Gilden mêle photographie et interviews sonores dans un petit film dédié à Detroit. Arianna Arcara et Luca Santese ont récupéré 300 photos dans des écoles ou des commissariats en ruine de cette ville. Autant de portraits, de scènes de crime, de lettres de menaces agencées sur un pan de mur qui en disent long sur la ville. Conçue avec une rare intelligence, cette exposition à première vue un peu ardue se révèle passionnante. Raison de plus pour sortir son carnet de Bal.Le Bal. 6, impasse de La Défense (Paris 75018). Exposition jusqu'au 19 décembre. www.le-bal.fr.
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