PSA Peugeot-Citroën

Dix ans après le rapprochement Renault-Nissan, PSA s'apprête à nouer une nouvelle alliance franco-japonaise. Le constructeur français a annoncé jeudi matin dans un communiqué « des discussions avec Mitsubishi Motors (MMC) », pour « examiner les voies possibles d'un élargissement de leurs relations ». Le groupe évoque carrément un « partenariat stratégique ». Le tropisme nippon de l'industrie automobile française se confirme. Selon une source interne, « PSA aurait la majorité du capital de MMC. Et ce dernier prendrait une participation minoritaire dans PSA ». Le quotidien japonais « Nikkei » affirme, lui, que PSA pourrait s'octroyer 30 % à 50 % du capital, pour une somme allant jusqu'à 300 milliards de yens (2,3 milliards d'euros). « On en est au début des discussions, qui dureront plusieurs semaines, voire plusieurs mois », précise-t-on chez PSA. C'est Daniel Marteau, ex-responsable des coopérations de PSA, qui mène les pourparlers.Ensemble, la firme française et Mitsubishi formeraient le sixième constructeur automobile mondial (selon les chiffres de production 2008, poids lourds compris). Une telle alliance, qui sortirait PSA de son relatif isolement et de son européocentrisme exacerbé, apparaît idéale sur le papier. Elle avait été déjà envisagée au plus haut niveau en 2005-2006, mais avait alors achoppé sur des divergences au sein de la famille Peugeot et le fait que le président Jean-Martin Folz était en fin de mandat.En tout cas, Philippe Varin n'a pas traîné. Arrivé à la tête de PSA début juin, il aura très vite « réfléchi activement à une alliance avec Mitsubishi », comme « La Tribune » l'annonçait le 4 septembre. Le président du directoire a d'ailleurs répété depuis que des alliances capitalistiques n'étaient pas exclues, à condition notamment que la famille Peugeot garde le contrôle de PSA. Celle-ci possède 30,27 % de son capital et 44,87 % des droits de vote. MMC est détenu, lui, à hauteur d'un tiers par des sociétés du conglomérat Mitsubishi.Les deux constructeurs se connaissent, puisqu'ils avaient signé en février 2005 un premier accord de coopération dans les 4 x 4. En mars 2007, Peugeot et Citroën ont ainsi lancé leurs 4007 et C Crosser, des clones de Mitsubishi Outlander équipés d'un moteur diesel PSA. Le contrat initial prévoyait 30.000 unités par an. Des discussions ont lieu pour le remplacement de ces modèles et l'utilisation éventuelle par PSA de nouveaux 4 x 4 Mitsubishi plus compacts. À la mi-2008, les deux groupes ont signé par ailleurs un deuxième accord pour une usine commune en Russie, à Kalouga. Celle-ci démarrera l'assemblage en mars prochain et une véritable production en 2012. Enfin, en mars 2009, PSA et MMC se sont entendus sur la commercialisation, par Peugeot et Citroën, dès novembre 2010, du véhicule électrique Mitsubishi i-MiEV, lancé au Japon l'été dernier. PSA compte en vendre 25.000 par an.PSA et MMC sont très complémentaires au niveau de leurs produits et leurs localisations géographiques. Le japonais est très avancé dans le véhicule électrique, jouit d'une bonne réputation dans les minivéhicules, les pick-up et les 4 x 4. Mais il manque cruellement d'une expertise dans les véhicules compacts et en matière de diesels. Par ailleurs, ses recherches en matière de véhicules hybrides pourraient se conjuguer avec celles de PSA. Fortement implantée au Japon et en Asie du Sud-Est, où PSA est quasi inexistant, la firme tokyoïte dispose aussi d'une usine ? sous-employée ? aux États-Unis, même si sa présence y est médiocre. Un autre avantage pour PSA, absent d'Amérique du Nord. En revanche, la présence de MMC reste faible en Europe occidentale ou en Amérique latine, lieux d'implantation principaux de PSA.Cette alliance intercontinentale qui se dessine n'est pas, toutefois, sans écueil. Elle exigera un gros effort financier de PSA, qui manque de fonds. Le groupe n'a-t-il pas accusé au premier semestre une perte nette de près de 1 milliard d'euros ? Il table, il est vrai, sur un résultat opérationnel à l'équilibre sur la seconde moitié de l'année et demeure peu endetté. L'alliance requerra aussi des hommes aptes à une gestion intercontinentale, dont le français ne dispose guère. N'oublions pas que Renault a pâti d'avoir envoyé chez Nissan des compétences qui lui ont ensuite fait défaut en interne ! De plus, malgré les excellentes relations nouées entre Philippe Varin et Osamu Masuko, président de MMC, le Japonais a gardé un mauvais souvenir de son alliance avortée avec Daimler-Chrysler. Il faudra donc beaucoup de diplomatie à Philippe Varin? Enfin, MMC n'est pas en bonne santé, et sa gamme, constituée en partie de gros tout-terrain, est peu attractive. Il y aura donc de nombreux trous à boucher par PSA, qui devrait fournir des plates-formes.
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