Avec Alcon, Novartis conclut son entrée dans l'ophtalmologie

Les choses n'auront pas traîné. Novartis a annoncé ce lundi le rachat des 52 % que son compatriote suisse Nestlé détenait encore dans le leader des produits ophtalmiques, l'américain Alcon. Cette opération à 28,1 milliards de dollars n'est pas une surprise : en juillet 2008, le laboratoire suisse avait acquis 25 % d'Alcon auprès du géant de l'agroalimentaire et convenu d'une option d'exclusivité sur le solde. Il disposait de dix-huit mois pour l'exercer, à compter de janvier 2010. « Pour Novartis, le plus tôt était le mieux, afin de lever les incertitudes auprès des investisseurs et de commencer à exercer les synergies attendues [300 millions de dollars avant impôts selon les dirigeants, ndlr] », explique Béatrice Muzard, analyste chez Natixis. Avec 77 % d'Alcon, Novartis prend le contrôle d'un groupe centré sur l'ophtalmologie : produits chirurgicaux (cataracte), médicaments pour pathologies oculaires (glaucome) et, plus connues, solutions pour lentilles de contacts (marque Optifree).moindre bénéfice par actionMais Novartis ne s'arrête pas là : il a lancé lundi une offre publique d'échange (OPE) sur les 23 % d'Alcon encore cotés à New York. Problème : l'OPE, d'un montant de 11,2 milliards de dollars, valorise les actions Alcon à 153 dollars quand elles s'échangeaient 166 dollars le 30 décembre en clôture. « Cette partie de l'opération est plus surprenante, car une opération financée par émission de titres est plus dilutive pour l'actionnaire de Novartis. En revanche, passer de 77 à 100 % d'Alcon est intéressant pour Novartis : il réalisera plus rapidement les synergies et aura la mainmise sur la gestion des liquidités de sa cible », détaille Béatrice Muzard. L'opération devrait cependant diminuer le bénéfice par action de 2 % à 3 %, d'où la chute de Novartis de 2,6 % ce lundi.D'un point de vue opérationnel, le rachat d'Alcon semble pertinent. À l'instar de Sanofi ou de GSK, Novartis poursuit le mouvement de diversification qui a animé le secteur pharmaceutique tout au long de l'année écoulée. Il anticipe ainsi la perte du brevet de l'antihypertenseur Diovan (environ 6 milliards de dollars de ventes), attendue pour septembre 2012 aux États-Unis. Avec Alcon, le laboratoire se dote d'une entité plus dynamique que la pharmacie traditionnelle et encore plus rentable. Les ventes de l'américain (6,3 milliards de dollars en 2008) ont crû à un rythme de 6 % sur les neuf premiers mois de 2009, contre 4 % à 6 % de hausse prévus pour le marché pharmaceutique en 2010, selon IMS Health. À fin septembre, la marge opérationnelle d'Alcon atteignait 36 %, contre 23,4 % pour Novartis.Après l'intégration d'Alcon, les médicaments brevetés ne pèseront plus que 54 % des ventes du nouvel ensemble (47,8 milliards de dollars), contre les deux tiers auparavant. Le reste se répartira entre vaccins, génériques (Sandoz) et un pôle « produits de consommation », qui contenait en particulier le producteur de lentilles Ciba Vision (1,7 milliard de dollars de ventes en 2008). Ce dernier, ainsi que plusieurs médicaments spécialisés (500 millions de dollars), seront intégrés avec Alcon dans une nouvelle branche ophtalmologie. L'un des plus récents médicaments de Novartis, le Lucentis (contre la cécité liée à l'âge, 900 millions de dollars), sera commercialisé conjointement avec Alcon. Le groupe de Daniel Vasella compte payer Nestlé en cash, grâce à son « trésor de guerre » (un peu plus de 14 milliards de dollars) et en recourant à l'endettement. Au total, il aura offert 38,5 milliards de dollars à Nestlé pour s'offrir Alcon. « Mais le groupe en a les moyens : il génère chaque année près de 8 milliards de flux de trésorerie », souligne un expert. L'opération devrait être finalisée au second semestre 2010.
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