Sofia Coppola nous emmène « Somewhere »

Fille à papa, enfant gâtée, réalisatrice factice s'abritant derrière de vrais professionnels... Sofia Coppola a tout entendu. Et plus encore lorsque son ancien compagnon, Quentin Tarantino, président du jury du dernier festival de Venise, lui a décerné un lion d'or pour « Somewhere ».La réalisatrice réussit pourtant avec ce dernier film sa meilleure oeuvre. La plus aboutie surtout, dans laquelle elle continue de polir cet univers à nul autre pareil sur lequel flotte toujours une certaine mélancolie.Pour cette fois, elle nous entraîne à Los Angeles dans les chambres, les couloirs et les coursives du Château Marmont, célèbre palace hollywoodien abritant depuis 1929 les plus grandes stars venues s'y retrancher... ou y mourir tels John Belushi ou le photographe Helmut Newton. C'est donc là que le comédien à succès Johnny Marco (Stephen Dorff) a élu domicile, tentant tant bien que mal de se remettre de son divorce, de lutter contre la dépression et l'ennui à coups de fêtes alcoolisées, de médicaments en pagaille avalés, de filles de joie disponibles à volonté et toutes aussi vite consommées. Jusqu'au jour où son ex-femme l'oblige à s'occuper quelques jours de Cleo (Elle Fanning), sa fille de 11 ans. Voilà maintenant dix ans et des poussières que Sofia Coppola compose à travers ses films une drôle de petite musique. Comme un murmure adressé au creux du coeur et de l'oreille de ses spectateurs, imposant à travers ses histoires une extraordinaire intimité avec le public. Peut-être parce qu'il est souvent question de solitude dans ses oeuvres. De film en film, ses personnages apparaissent comme des êtres esseulés, presque encombrés d'eux-mêmes. Johnny Marco ne déroge pas à la règle, déambulant au Château Marmont, quand il n'est pas perdu sur le plateau d'une émission paillette de la télé italienne telle une barque à la dérive au milieu de l'océan.C'est ce naufrage que parvient à filmer magnifiquement et avec une extraordinaire justesse la réalisatrice. Et pour cette fois, c'est l'enfant qui sert de bouée de secours, ramenant peu à peuson père à la vie à coups de choses simples comme des oeufs Benedict dégustés au petit déjeuner ou une partie de ping-pong. Ce faisant, la réalisatrice démystifie le septième art sur les lieux mêmes du rêve.Alors bien sûr, on peut toujours s'amuser à chercher ici et là la part autobiographique de ce film. Qu'importe, au fond. Car ce qui prime avant tout, c'est l'extraordinaire maîtrise dont fait preuve la réalisatrice pour raconter ses histoires, semblables à ses petites musiques à peine susurrées mais dont on ne parvient jamais à se défaire.Yasmine Youssi
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