« Il y avait trop de monde et trop d'argent sur le marché »

Les investisseurs, notamment institutionnels, ont tourné le dos au private equity en 2009. Que préfigure pour l'avenir ce phénomène ?Pour le secteur du LBO [rachat avec un effet de levier, Ndlr], qui avait connu un développement très rapide en 2006 et 2007, cette réduction de la voilure est douloureuse mais représente une bonne chose. Il y avait trop de monde et trop d'argent en France. La multiplication des transmissions d'entreprises d'un fonds à un autre, par le biais de LBO secondaires ou tertiaires, a montré que le marché n'avait pas encore la taille suffisante pour alimenter l'ensemble des acteurs. Le développement de ce type de transaction pouvait d'ailleurs devenir problématique pour les entreprises concernées, car le LBO ne doit pas être un état durable, mais s'inscrire entre deux situations d'actionnariat de long terme. Quelques fonds de LBO se sont fourvoyés : le rachat par effet de levier doit être fondé sur une rationalité économique et non sur une spéculation financière. Il est sain de revenir aux fondamentaux.Peut-on en tirer le même constat pour les fonds de capital-risque et de capital-développement ?Non. Dans ces deux cas, la raréfaction des capitaux est très grave, car c'est l'investissement en fonds propres dans les PME en croissance qui est en jeu. La création du FSI (Fonds stratégique d'investissement) doit être saluée, mais on ne peut pas imaginer que le financement des PME repose sur la seule sphère publique. Il faut encourager les ménages à investir leur épargne dans les entreprises. Hélas, les changements apportés dernièrement à la réglementation des FIP et FCPI vont exactement en sens inverse.L'année 2009 a été très calme en termes d'acquisition. 2010 sera-t-elle celle de la reprise ?Le marché de la dette reste fermé. Les banques françaises, généralement assez conservatrices, reviendront progressivement dans le LBO. Mais le frein principal à la reprise reste celui des valorisations. Le marché est atone parce que les exigences des vendeurs et des acheteurs sont encore déconnectées.D'aucuns prédisent une multiplication des introductions en Bourse de la part des fonds. Ce mouvement touchera-t-il la France ?Ce n'est pas une solution de sortie pour les fonds français. Le marché manque en effet de profondeur et ne peut absorber rapidement un pourcentage élevé du capital d'une PME. La solution pour céder une société restera donc industrielle.Propos recueillis par A. M.(*) Association française des investisseurs en capital.Jean-Louis de Bernardy, président de l'afic(*)Le frein principal à la reprise reste celui des valorisations.
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