En dépit de ses profits Santander chute en Bourse

La Bourse a durement sanctionné jeudi la banque Santander, qui avait publié quelques heures plus tôt des résultats annuels qualifiés de « magnifiques » par son président, Emilio Botín. En dégageant un profit de 8,9 milliards d'euros (+ 0,7 % par rapport à 2008), le géant bancaire a dépassé les attentes, mais il n'a pas échappé au vent de panique qui a saisi les opérateurs de marché. À la clôture, le titre a cédé 9,4 %, portant à 20?% sa chute depuis le début de l'année. Le poids des déficits publics, la crainte d'une forte dégradation de la conjoncture alors que le taux de chômage s'approche de 20 % ont fait passer au second plan les propos rassurants d'Emilio Botín affirmant qu'on ne peut pas comparer les situations espagnole et grecque. « Santander, en tant qu'entité financière, prend de plein fouet les incertitudes sur le risque pays et ses résultats ne font pas le poids », explique Susana Felipeto, d'Atlas Capital.Pourtant, la première banque de la zone euro en termes de capitalisation boursières semble avoir assuré ses arrières en misant fortement sur l'international. En 2009, les activités britanniques ont représenté 16 % du bénéfice total, à 1,5 milliard d'euros, 55 % de mieux qu'en 2008. Après avoir acquis Abbey puis Bradford & Bingley et Alliance & Leicester, Emilio Botin entend faire de Santander le numéro un au Royaume-Uni. Au Brésil, où la banque a réalisé l'an dernier 20 % de ses profits, son ambition est de faire de Santander la meilleure banque privée. Son activité dans ce pays lui a en outre permis d'empocher une plus-value extraordinaire de près de 1,5 milliard d'euros lors de la mise en Bourse de sa filiale en octobre dernier. Le groupe s'en est servi pour renforcer ses provisions auxquelles il a consacré en tout 9,5 milliards d'euros l'an dernier, fidèle à une prudence qui est une autre des clés de sa réussite.prudenceEn 2010, Santander compte reconduire sa politique prudente en matière de provisions et de distribution de crédits, d'autant que, de l'aveu même du directeur général du groupe, Alfredo Saenz, le taux de créances douteuses pourrait frôler 4 % contre 3,24 % fin 2009. Les analystes redoutent notamment l'impact de la crise immobilière doublé du fort taux de chômage dans les comptes du géant espagnol. Pour autant, le groupe envisage sereinement l'exercice actuel. Parmi ses leviers de croissance, sa présence sur les marchés émergents est fondamentale. Santander compte également sur l'approfondissement des synergies créées par les récentes acquisitions au Brésil, au Royaume-Uni, en Allemagne et aux États-Unis. Le groupe espagnol n'envisage pas de nouvelles acquisitions pour l'instant.Enfin, preuve de son « optimisme » quant à 2010, Santander maintiendra le niveau de rémunération de ses actionnaires. Une promesse qui n'a pas suffi à rassurer les investisseurs.
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