Les oligarques votent Viktor Ianoukovitch en Ukraine

Ioulia Timochenko avait la mine des mauvais jours jeudi lors de la conférence de presse qu'elle a donnée pour dénoncer les « préparatifs d'une fraude électorale massive » par le Parti des régions de son concurrent. La flamboyante égérie de la « révolution orange » s'est dite révoltée par « la trahison du président Iouchtchenko », l'autre figure de la révolte qui a conduit à l'annulation de l'élection frauduleuse... de Viktor Ianoukovitch à la présidentielle de 2004.Les espoirs de voir un scrutin honnête disparaissent-ils sous les gros flocons de neige recouvrant Kiev ou bien cherche- t-elle dès à présent une excuse pour n'avoir pas réussi à mobiliser les Ukrainiens derrière elle, alors qu'elle accusait un retard sur son adversaire au 1er tour ? Une chose est sûre, le vent ne tourne pas en sa faveur. Sondages et politologues la donnent perdante face à l'ancien Premier ministre Viktor Ianoukovitch. Sa défaite dans les urnes n'est pas certaine, mais la bataille des coulisses est déjà perdue. Les oligarques régnant sur une économie post-soviétique presque totalement privatisée, pèsent de plus en plus en faveur de l'enfant du Donbass : il a le soutien des plus grandes fortunes du pays, Rinat Akhmetov (métaux) et Dmitro Firtach (gaz et métaux). Et d'autres l'ont rejoint tout récemment comme Igor Kolomoïski (groupe Privat), tandis que les partisans de Timochenko se font rares. « Les oligarques veulent la stabilité, et Ianoukovitch a su leur garantir la sécurité de leurs affaires. Timochenko est en revanche imprévisible », résume un banquier européen installé à Kiev depuis cinq ans.« candidat prorusse »Longtemps décrit comme « le candidat prorusse », Viktor Ianoukovitch défend désormais une position intermédiaire entre Moscou et l'Union européenne, qui ne diffère guère de celle de sa rivale. L'Ukraine a besoin d'aide des deux côtés... « Le Ianoukovitch d'aujourd'hui n'est pas celui de 2004 », estime le politologue Sergui Taran. « Aujourd'hui la Russie ne s'immisce plus dans le scrutin comme alors. Le pays ne reviendra pas en arrière. La révolution orange a réellement changé la donne. Reste maintenant à réformer les institutions du pouvoir, ce qui n'a pas encore été fait. » Un reproche que les Ukrainiens, durement touchés par la crise économique, font à l'héroïne de la révolution orange, qui après plusieurs années de pouvoir n'a pas su améliorer le niveau de vie du pays. De guerre lasse, elle a promis hier d'appeler le « peuple ukrainien à descendre dans la rue » si les résultats des présidentielles sont falsifiés. Va-t-il, comme en 2004, suivre la princesse Timochenko, immuablement vêtue de son opulente zibeline blanche ? Rien n'est moins sûr. Emmanuel Grynszpan, à Kiev« Les oligarques veulent la stabilité, et Viktor Ianoukovitch (photo) a su leur garantir la sécurité de leurs affaires.AFP
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