Berezina à la Bourse de Madrid

La Bourse de Madrid se serait volontiers passée d'un tel record. L'Ibex, son indice phare, a signé ce jeudi la plus forte chute des principaux marchés européens, avec une dégringolade de 5,94 % en clôture. Résultat, de toutes les grandes places boursières mondiales, la Bourse madrilène est celle qui enregistre la plus mauvaise performance depuis le début de l'année. Et de loin. L'Ibex décroche de 14,2 %, quand le CAC 40 recule de 6,28 %, le DAX francfortois de 7,12 %, et le FTSE 100 londonien, de 5,05 %. Outre-Atlantique, le S&P 500 se replie de 3,9 % seulement. Même la Bourse chinoise, avec son plongeon de 8,6 %, fait moins mal que Madrid.Pourquoi la place madrilène se porte-t-elle si mal ? D'abord, il faut dire qu'exception faite des marchés émergents, l'Ibex avait engrangé la plus forte hausse des principaux marchés mondiaux, l'an dernier, avec un bond de 30 %, emmené par le secteur financier, qui pèse près de 40 % dans l'indice. Il est donc logique que les prises de bénéfices généralisées auxquelles les investisseurs se livrent depuis le 1er janvier 2010 se concentrent sur l'Ibex. Et l'indice trinque tout particulièrement lorsque sa première capitalisation ? la banque Santander, qui pèse 22 % de l'Ibex ? décroche de 9,4 % %, comme ce fut le cas ce jeudi, les investisseurs s'inquiétant du remboursement des prêts consentis par la banque à des promoteurs en très grande difficulté depuis l'éclatement de la bulle immobilière. les banques souffrentDe fait, les créances douteuses de Santander représentaient 3,24 % de ses actifs fin décembre, contre 3,03 % au 30 septembre. Dès le 27 janvier, la banque espagnole BBVA avait semé la panique à la Bourse de Madrid, en annonçant que son ratio de créances douteuses avait grimpé à 4,3 %. À tel point que l'action BBVA, qui ne pèse pas moins de 10,5 % dans l'Ibex, est la lanterne rouge de l'indice depuis le 1er janvier, avec un plongeon de 21,8 %, talonnée par Santander (? 19,9 %).Ensuite, et surtout, le marché redoute que l'Espagne, comme le Portugal, n'emboîte le pas à la Grèce, dont les déficits publics viennent de nécessiter l'adoption d'un ambitieux plan de redressement économique. Si les investisseurs se montrent aussi nerveux, c'est parce que les déficits publics de l'Espagne, toujours en récession et dont le taux de chômage pourrait grimper à 20 % cette année, représentent 11,4 % de son produit intérieur brut (PIB). Et que dire de la dette publique espagnole, qui devrait passer de 55,2 % du PIB en 2009 à 74,3 % en 2012 ! Résultat, les rumeurs de marché vont bon train sur un possible abaissement de la perspective de la note de solvabilité de l'Espagne par les agences d'évaluation financière Moody's ou Fitch. Un scénario d'autant plus probable que leur concurrente Standard and Poor's avait ouvert la voie en décembre.
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