« La Tribune » change de propriétaire

C'est fait. Six semaines après avoir surpris tout le monde en annonçant son intention de céder 80 % du capital de « La Tribune » à sa directrice générale, Alain Weill a signé vendredi la transaction avec Valérie Decamp. Une opération éclair, menée sans vague, à mille lieues des sept mois de crise en 2007 qui avait précédé la revente de « La Tribune » par LVMH, qui rachetait d'une autre main « Les Echos ». Deux ans, quatre mois et 20 jours après en être devenu propriétaire, Alain Weill s'en sépare. Le comité d'entreprise de « La Tribune », qui a donné un avis négatif à la cession, a notamment expliqué sa décision par le fait qu'« Alain Weill n'avait de cesse de répéter son attachement au journal et il s'était engagé lors de la reprise du titre au groupe LVMH, à accompagner ?La Tribune? jusqu'au terme de son rétablissement ». Patron du groupe NextRadio TV (RMC, BFM TV, 01, etc) qu'il a bâti, il était venu à « La Tribune » avec un projet industriel : « Si je viens, c'est parce que je pense que l'on peut redresser le journal en moins de deux ans ». C'était sa théorie pour les entreprises qui ne sont pas des start-up : « le point mort doit être rapidement atteint, sinon il risque de ne pas l'être ». Équilibre repoussé à 2011Entre-temps la crise financière et économique est arrivée. 2009 aura été la pire année de l'histoire du marché publicitaire. Dans ces conditions, un redressement en deux ans devenait illusoire. Le business plan a été adapté en conséquence : un plan de 6 millions d'euros d'économies a été arrêté à l'automne, et le retour à l'équilibre repoussé à 2011. En dépit d'une relance éditoriale, d'une nouvelle dynamique commerciale (hausse de la diffusion et des abonnements depuis le début de l'année) et d'une très forte réduction des pertes d'exploitation (le quotidien a même été bénéficiaire en mars 2010), sous la direction de Valérie Decamp, Alain Weill n'a pas souhaité attendre plus longtemps. Il a préféré céder l'essentiel du capital à Valérie Decamp, désormais PDG et premier actionnaire, pour faciliter la recherche d'investisseurs. Choc culturelAlain Weill avait acheté à l'époque « La Tribune » pour un euro symbolique et avait bénéficié d'une recapitalisation du vendeur, LVMH, à hauteur de 47 millions d'euros. Ces conditions ont permis de financer, au cours de ces deux années écoulées, une stratégie offensive et de redonner ambition et indépendance au journal. Ces années n'ont été perdues pour personne. Le choc culturel entre cet homme de radios aux structures ultra légères et une entreprise industrielle comme un quotidien national a permis de soulever des questions iconoclastes que les vieux routiers de la presse écrite ne se posaient plus. Alain Weill, avec les équipes de « La Tribune », a modernisé le journal aujourd'hui pionnier de la presse économique sur l'iPhone ou l'iPad. Le patron de NextRadio TV a pour sa part gagné un statut, lui valant des portraits louangeurs dans la presse internationale et des entrées dans les ministères.
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