« Ces tensions occultent le problème de l'Iran »

Hasni Abidi, Directeur du CERMAM (*) Comment interprétez-vous les nouvelles tensions au Proche-Orient ? Plusieurs dossiers se superposent : au Liban, on est dans l'attente des informations que le Tribunal chargé d'enquêter sur l'assassinat de Rafic Hariri rendra publiques, et les soupçons se portent sur le Hezbollah, qui par ailleurs fait partie du gouvernement, le tout pouvant créer de graves dissensions dans le pays. En Iran, les sanctions prises récemment par la communauté internationale commencent à être ressenties par la population. En Irak, les attentats, particulièrement meurtriers, ont redoublé au mois de juillet. Et voici que de nouvelles tensions apparaissent à la frontière entre Israël et le Liban. Tout cela peut évidemment avoir des retombées, au Liban et dans toute la région. Avec un avantage pour l'Iran, ces tensions occultent le problème iranien pendant ce temps... Avec cette analyse, êtes-vous plutôt pessimiste ou optimiste sur la suite des événements ?Je suis pessimiste. Car tous les éléments que je viens de citer plaident pour le pessimisme. Ces tensions qui se relaient dans la région participent au maintien des régimes en place ou jouent en faveur des mouvements. C'est vrai pour le Hezbollah, la Syrie, Israël, l'Iran, sans oublier l'Egypte et la Jordanie. Pas question, donc, pour aucun des acteurs, de faire des concessions...Dans ces conditions, s'il n'y aura pas forcément embrasement, les tensions, en tout cas, ne peuvent que subsister... Qui peut alors oeuvrer à la paix dans la région ?S'il y a embrasement entre Israël et le Liban, le processus de paix - ou ce qu'il en reste - lancé par le président Obama, à savoir un dialogue direct entre Palestiniens et Israéliens, capotera définitivement. Reste la Turquie. Si les relations sont actuellement mauvaises entre Ankara et Israël, l'État hébreu a quand même gardé des liens avec les Turcs. Ceux-ci sont mieux placés que les autres pays pour une médiation, qui impliquerait également le Qatar et la Syrie. Je remarque aussi que, au point de vue concret, personne ne parle des forces de la Finul comme acteur de la pacification dans la région.Propos recueillis par Lysiane J. Baudu (*) Centre d'études et de recherche sur le monde arabe et méditerranéen, à genève.
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