Pékin change de ton vis-à-vis de Taiwan

Tout en nuances. La visite qu'a achevée hier à Taiwan le dalaï-lama auprès des sinistrés du typhon Morakot (environ 750 morts) n'aura finalement pas déchaîné la colère de la Chine populaire. Taipei a certes eu droit à des pressions discrètes mais insistantes de Pékin pour tenter de canaliser les apparitions du Prix Nobel de la paix, mais le ton est officiellement resté mesuré. Remisées les menaces militaires dont l'empire du Milieu avait pris l'habitude lorsque son « île rebelle » affichait trop ouvertement ses arrière-pensées séparatistes. Tout au plus Pékin s'est accordé quelques gestes de mauvaise humeur. Il a condamné la visite du chef spirituel du Tibet, autre source de crispation à ses yeux, la qualifiant de « sabotage » du processus de réchauffement des relations sino-taiwanaises. Il compte également boycotter partiellement la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques pour les sourds prévue aujourd'hui et a reporté la visite du vice-gouverneur de la Banque populaire de Chine, Su Ning, prévue à un forum financier à Taipei. Pas de quoi briser les liens tissés entre la Chine continentale et le président taiwanais, Ma Ying-jeou, dont Pékin a besoin pour poursuivre le processus d'ouverture politique et économique de l'île, estiment les sinologues avertis. Un processus qui s'accélère spectaculairement.bouffée d'oxygèneDepuis l'élection de Ma Ying-jeou, mi-2008, à la tête de l'État, les communications directes (aériennes, maritimes et postales) entre Taiwan et la Chine ont été rétablies après près de soixante ans d'interruption. Début cette année les vols directs ont été portés à 270 par semaine contre 108 précédemment. Taiwan a multiplié par dix le quota quotidien de visiteurs chinois autorisés à entrer sur son territoire. En mai, Pékin a levé son opposition à la participation de la « République de Chine » à l'Organisation mondiale de la santé, en exigeant toutefois qu'elle apparaisse sous le nom de « Chine Taipei » et que son statut soit limité à celui d'observateur.Les relations commerciales (plus de 100 milliards de dollars en 2008) vont être libéralisées, des négociations étant prévues en octobre pour établir un accord-cadre de coopération économique. Une bouffée d'oxygène pour les deux pays, dont les exportations ont été affectées par la crise internationale. Depuis quelques mois, Taiwan a ouvert une centaine de secteurs industriels aux investissements chinois. Tous ces signes positifs ne doivent toutefois pas occulter les efforts d'armement continus de Pékin, notamment en missiles et en avions de combat.Laurent Chemineau
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