Retraites : syndicats et exécutif dans l'impasse

Le premier qui bouge a perdu. Dans le conflit qui les oppose sur la réforme des retraites, syndicats et gouvernement ont bien compris la règle. Dans ce contexte, la perspective d'un compromis - qui permettrait à chacun de sortir de la bagarre la tête haute - semble s'éloigner de jour en jour. Dans l'immédiat, l'exécutif se refuse à faire un geste supplémentaire autre que symbolique. Aller au-delà de concessions atténuant les effets de la réforme pour les catégories les plus fragiles (chômeurs, handicapés, mères de famille...) en touchant aux deux bornes d'âge (62 ans pour l'âge légal de départ et 67 ans pour la retraite à taux plein) aurait un coût financier et politique que le chef de l'État n'est pas prêt à assumer. Sur M6 dimanche soir, François Fillon a d'ailleurs rappelé que la discussion en séance publique au Sénat, qui démarre ce mardi, serait strictement encadrée. « Nous avons fixé (aux sénateurs) une limite de ce que le gouvernement peut accepter, à savoir d'un côté le respect de l'égalité hommes-femmes, de l'autre côté, ne pas remettre en cause l'équilibre financier de la réforme », a expliqué le Premier ministre. Prêt à saisir la main tendueUne posture très différente de celle affichée par Gérard Larcher dans « Les Échos » lundi. Le président (UMP) du Sénat s'est, en effet, dit prêt à saisir la main tendue par François Chérèque, le leader de la CFDT, et à mettre en place un dispositif transitoire bloquant l'âge du taux plein à 65 ans pour les mères de trois enfants. Après cette fin de non-recevoir et forte des un (selon la police) à trois millions (selon la CGT) de manifestants samedi, l'intersyndicale ont décidé, lundi soir, de maintenir sa prochaine journée de mobilisation programmée le 12 octobre. Impossible, en effet, pour les organisations de salariés de relâcher la pression sans avoir arraché une victoire significative. D'autant que certaines organisations (Solidaires, FSU) et une partie de la base de la CGT (comme à la RATP) militent pour mener des actions plus dures et lancer des grèves reconductibles. Pour l'instant, Bernard Thibault est parvenu à rallier ses fédérations les plus impatientes à sa stratégie. Ainsi, Didier Le Reste, le patron de la CGT cheminots, s'est montré très prudent. Certes, il a évoqué des actions reconductibles, mais après le 12 octobre et uniquement à condition que d'autres secteurs s'y associent. La réunion des fédérations qui se tient, ce mardi, à la CGT permettra de mieux mesurer le risque de radicalisation du conflit. Personne n'y a intérêt. Les leaders syndicaux risquent de perdre dans une « grève par procuration » le soutien de l'opinion publique alors qu'il reste, au fil des manifestations, très élevé. L'exécutif sait qu'un mouvement social mal maîtrisé peut coûter très cher politiquement. Reste à sortir du piège du statu-quo sans perdre la face. Pas simple.
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