Le traité de Lisbonne entre les mains de Vaclav Klaus

Vaclav Klaus, « prince noir » devenu maître de l'avenir de l'Europe depuis le Château de Kafka à Prague ? Cette vision du président tchèque, viscéralement eurosceptique, dont la signature du traité de Lisbonne conditionne depuis le « oui » irlandais l'entrée en vigueur dudit traité est séduisante. L'intéressé a en tout cas une nouvelle fois refusé samedi de se prononcer sur la date à laquelle il déciderait d'apposer ou non sa signature au traité de Lisbonne.« Ce n'est pas à l'ordre du jour », a déclaré Vaclav Klaus, expliquant qu'il ne pouvait de toute façon « rien signer avant la décision de la Cour constitutionnelle », récemment saisie par des députés libéraux pour s'assurer que le traité est conforme à la loi fondamentale du pays. Le Premier ministre tchèque, Jan Fischer, s'est voulu plus rassurant, estimant que son pays ratifierait le traité avant la fin de l'année.revirementsLe parcours de Vaclav Klaus est un concentré de contradictions et de revirements aussi étrange que le personnage. S'il constitue aujourd'hui le principal obstacle à la mise en ?uvre du traité de Lisbonne, c'est pourtant lui, en tant que Premier ministre, qui avait entamé les négociations d'adhésion de son pays à l'Union européenne au début des années 1990.La chute de son gouvernement en 1997 sur fond d'échec économique de la « privatisation par coupons » et de scandales politico-financiers constitue le principal tournant de sa carrière politique. Vaclav Klaus est en effet convaincu d'avoir été renversé à l'issue d'un complot fomenté par les Européens et l'administration Clinton? à la demande de son rival, le président d'alors, Vaclav Havel.Il n'est pas certain qu'il puisse savourer sa « revanche ». En dehors d'un groupuscule de sénateurs, Klaus n'a plus d'alliés politiques alors que son mandat expire en 2013. Son refus de signer serait une nouvelle étape dans le délitement de la vie politique d'un pays dirigé par un gouvernement de transition et qui devrait connaître en mai des législatives anticipées.Ses amitiés russes, son passé trouble sous l'ère communiste et sa volonté d'isoler son pays deviendraient trop voyants. Beaucoup à Prague pensent qu'il finira par signer, au nom de la stabilité, endossant le rôle de père de la nation qu'il affectionne parfois. Christine Dupré, à Prague
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