La Chine, laboratoire de l'innovation environnementale

À l'heure où la France dresse un bilan d'étape du Grenelle de l'environnement, la croissance verte se conjugue déjà au présent en Chine. Car les dirigeants chinois ont été les premiers à comprendre - bien plus vite que nos pays européens - que la croissance économique devait se conjuguer avec la mise en place de politiques environnementales fortes. Alors, nos amis chinois seraient-ils plus sensibles à l'environnement que nous ? Non bien sûr, car si l'environnement a payé le prix fort du développement rapide du pays ces dernières années, c'est bien le montant des pertes économiques dues entre autres aux pollutions industrielles - représentant un impact de près de 10 % sur le PIB du pays - qui a incité les autorités à engager des moyens importants pour relever le défi d'une meilleure gestion des ressources et de l'environnement. C'est bien le pragmatisme chinois qui s'est chargé de remettre les pendules à l'heure... de la nature !La crise n'a fait que donner un nouvel élan pour permettre de faire basculer la Chine vers une économie verte. En prévoyant d'affecter 35 milliards d'euros à la protection de l'environnement, le plan de relance pourrait bien catalyser la croissance verte tant attendue pour apporter une dimension qualitative au développement économique chinois.Autant d'opportunités pour la France qui compte parmi ses entreprises des champions tricolores dans les métiers de l'environnement et l'énergie. Car avec 20 des 30 villes les plus polluées du monde, les besoins du pays en matière de protection de l'environnement restent immenses. Chaque année, une vingtaine de millions de personnes migrent des zones rurales vers les villes, engendrant de gigantesques et soudains besoins en eau potable et en traitement des eaux usées ou des déchets. Comme si le tiers des Français décidaient subitement d'aller s'installer à Paris, Lyon et Marseille l'an prochain !Au rythme de cette transformation, le défi reste important et la Chine se tourne vers les compétences des sociétés étrangères, vers nos savoir-faire, pour l'accompagner dans la résolution de ses problématiques. En investissant massivement, le pays est en train de faire un bond direct vers les technologies les plus sophistiquées sans avoir besoin des décennies d'élaboration qu'il a fallu en Europe.La puissance d'innovation de la Chine est réelle. Mais doit-on pour autant avoir peur de s'y développer ? Depuis trente ans que nous travaillons en Chine, nous nous y sommes développés dans l'eau, les déchets et l'énergie et des acteurs locaux ont bien sûr émergé. Mais nous y avons aussi élaboré conjointement avec nos partenaires chinois des compétences et des expertises qui sont désormais déployées dans le monde entier. Plus qu'un potentiel de marché, la Chine devient un laboratoire dont nos entreprises ne peuvent se priver, au risque d'être concurrencées sur leur propre terrain. Je crois que nos sociétés peuvent tout à la fois être volontaristes dans leur développement et prudentes dans leur choix. Sans angélisme, ni complaisance. Par Jean-Louis Chaussade Directeur général de SUEZ ENVIRONNEMENT
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