Le classicisme français n'a pas éclos ex nihilo. Il émerge aux confluences de plusieurs courants, notamment italiens et flamands. Au musée Jacquemart-André à Paris, l'exposition « Rubens, Poussin et les peintres du XVIIe siècle » propose, malgré un titre un brin passe-partout, d'étudier les renversements d'influence entre les artistes flamands et parisiens sous les règnes de Louis XIII et Louis XIV. Ou comment, de l'influence de Rubens, les peintres en sont venus à privilégier la sobriété et l'art intellectualisé de Poussin.Tout commence en 1625 lorsque Marie de Médicis, mère de Louis XIII, appelle le Néerlandais Pierre-Paul Rubens à Paris et lui passe commande. Dans son sillage, Antoon Van Dyck, Frans Pourbus ou Frans Snyders suivront. La flamboyance du baroque conquiert la capitale française, qui voit dans les chairs graciles et la richesse des effets de ces derniers un renouveau salutaire. La nature morte et les compositions animalières suivent ce même processus.Le règne de Louis XIII change la donne : les artistes français créent un style national. La composition devient plus rigoureuse, les sujets s'intellectualisent. Eustache Le Sueur et Laurent de La Hyre forment ce classicisme parisien dont Nicolas Poussin devient l'incarnation à Rome, où il exerce son art. La mécanique se renverse alors : les artistes venus de Liège et d'Amsterdam, tels Bertholet Flémal ou Gérard de Lairesse, surnommé « le Poussin hollandais », s'imprègnent du style de leurs contemporains français. La peinture française devient le modèle à suivre, pour longtemps. Étrangement, ce sont les autres « peintres » du titre qui font de cette exposition une promenade passionnante dans le XVIIe siècle. F. G. « Rubens, Poussin et les peintres du XVIIe siècle », au musée Jacquemart-André à Paris, jusqu'au 24 janvier 2011. Rens. : 01.45.62.11.59. www.musee-jacquemard-andre.com

latribune.fr

05 Jan 2011, 23:24

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