Barnier s'attaque aux actionnaires et aux conseils d'administration

La gouvernance des entreprises cotées ne permet pas de servir l'intérêt et les performance à long terme des entreprises. Ce constat n'émane pas d'un parti révolutionnaire mais de la Commission européenne. Les hypothèses sur lesquelles repose l'équilibre entre pouvoirs exécutif et non exécutif dans les entreprises ont du plomb dans l'aile. « La réalité ne correspond manifestement pas à la théorie. Nous voulons voir jusqu'à quel point », a indiqué ce mardi une source européenne en marge de la présentation du Livre vert sur la gouvernance d'entreprise. Le commissaire Michel Barnier, en charge du dossier, a dit vouloir « ouvrir le débat sur l'efficacité du cadre existant ».Ses services ont identifié trois défaillances majeures. D'abord, les conseils d'administration et les conseils de surveillance jouent mal leur rôle de contrôleur. La Commission y dénonce les « comportements de passager clandestin » et le « court-termisme » rampant. Le manque de diversité n'aide pas. Les membres des conseils d'administration se cooptent entre eux. Dames et étrangers s'abstenir! En moyenne, seuls 29% des administrateurs des sociétés cotées européennes viennent d'un pays autre que celui du siège. Un peu plus d'un administrateur sur dix est une femme. « Conflits d'intérêts »Michel Barnier s'inquiète aussi du manque de vigilance des actionnaires. La réalité contredit « l'hypothèse selon laquelle les actionnaires s'engagent dans les entreprises et demandent au management de rendre compte sur ses performances », estiment les experts de la Commission. « Il est prouvé que la majorité des actionnaires est passive et focalisée souvent seulement sur les profits à court-terme », précise le Livre Vert où l'on s'inquiète aussi de la protection des minoritaires fragilisée par certaines structures actionnariales. Troisième cause de dépit : les piètres résultats de l'autorégulation élevée au rang de principe politique sous la commission Barroso 1. Les codes de conduite sur la gouvernance et les rémunérations sont mal appliqués. « La qualité des informations fournies par les entreprises qui s'éloignent des codes est, dans la majorité des cas, insatisfaisante». Le Livre Vert ouvre également droit aux plaintes des conseils d'administration contre les professionnels du vote par procuration et du conseil aux actionnaires, comme ISS. « Nous avons reçu beaucoup de plaintes. Parfois, ces conseillers se retrouvent des deux côtés de la barrière et fournissent de mauvais conseils de vote. Il faut voir s'il n'y a pas de conflits d'intérêts », a indiqué une source européenne. Pour l'instant, Michel Barnier ne préjuge pas des conséquences à tirer de ces constats. La consultation est ouverte jusqu'à fin juillet. Mais il serait surprenant qu'il s'en remette uniquement à l'autorégulation dont il relève précisément les limites.
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