Un pan de l'ex-Pechiney retrouve un ancrage français

Enfin. Après des mois d'atermoiements, le fonds d'investissement américain Apollo et le Fonds stratégique d'investissement (FSI) ont déposé mercredi soir auprès du groupe minier anglo-australien Rio Tinto leur offre de rachat ferme pour les activités de produits usinés d'Alcan (Engineered Products). Proposition qui sera soumise à la consultation des comités d'entreprise ainsi qu'à l'aval du gouvernement français et des autorités de la concurrence. Et qui, sauf bouleversement, aboutira à une cession effective en fin d'année. L'opération, pour laquelle aucun détail financier n'a été fourni, redonne ainsi naissance à un pan entier de l'ancien Pechiney, qui avait été absorbé en 2003 par le canadien Alcan, lui-même racheté quatre ans plus tard par Rio Tinto. L'entité reprise par le consortium fournit des pièces pour les constructeurs automobiles, l'industrie aéronautique civile et militaire, les transports collectifs (les TGV d'Alstom notamment) et de multiples autres applications. « Ce sera le seul groupe français spécialisé dans les produits transformés d'aluminium », se réjouit Bertrand Finet, membre du comité exécutif du FSI. Une fois la transaction définitivement signée, Apollo deviendra actionnaire majoritaire de l'ensemble, avec 51 % du capital, aux côtés du FSI (10 %), Rio Tinto en conservant 39 %.Même si la majorité des intérêts de la société restera aux mains d'étrangers, la présence du FSI dans l'opération constitue un symbole. « J'ai encore au travers de la gorge Pechiney », avait déclaré Nicolas Sarkozy en janvier 2008, en référence au passage sous pavillon canadien de l'ex-fleuron industriel français. « En entrant dans cette entreprise au côté d'Apollo, le FSI sécurise un ancrage français fort », reconnaît Bertrand Finet.acquisitions envisagées Reste que le chantier qui s'ouvre aujourd'hui devant les nouveaux actionnaires est énorme. Car Alcan Engineered Products (EP), qui regroupe quelque 10.000 salariés, dont environ 5.000 en France, est en crise. En 2009, la société a vu son chiffre d'affaires baisser de 30 % à 35 %, à 3,8 milliards de dollars, et elle a perdu de l'argent. Une restructuration a donc été engagée par Rio Tinto, notamment à Neuf-Brisach ou à Saint-Florentin. Va-t-elle se poursuivre ? Les repreneurs indiquent que l'essentiel a été fait dans ce domaine et que leur business plan ne prévoit pas de nouvelle restructuration. Ils tablent sur une reprise en 2011. Seule certitude : aucun des sites français repris ne sera fermé. C'était une condition sine qua non posée par le FSI à son entrée au capital. Pour assurer la pérennité des activités, les deux partenaires ont obtenu de Rio Tinto la poursuite de l'approvisionnement en aluminium pendant une dizaine d'années. En prenant les rênes de la société, les deux partenaires ne souhaitent pas seulement redresser son activité : ils veulent également la développer, notamment par le biais d'acquisitions. Leur objectif est d'en faire un leader mondial. Dans les années à venir, l'actionnariat devrait encore évoluer. S'il restera au capital encore quelques années, Rio Tinto compte bien en sortir à moyen terme et pourrait introduire sa part en Bourse. Cette entrée sur les marchés pourrait se faire à un horizon de trois à cinq ans, confirment les deux fonds qui comptent bien, eux, rester plus longtemps au capital. Et pour bien montrer l'ancrage français du nouvel ensemble, une des places de cotation serait Paris. « Mais ils faut d'abord montrer que Alcan-EP est sur une trajectoire intéressante », soulignent-ils. Pour l'heure, les partenaires n'ont pas encore statué sur le nouveau nom à donner à l'entité regroupant les activités reprises. Ce ne sera sans doute pas Pechiney. L'entreprise est nouvelle, ses actionnaires ont changé, il lui faut donc une identité nouvelle, expliquent les repreneurs. D'autant que seule une moitié des salariés vient de Pechiney, les autres étant issus d'Alcan ou de sociétés rachetées depuis 2003.L'ensemble, dont le siège social devrait être à Paris, sera dirigé par la Française Christel Bories qui pilote ces activités depuis trois ans chez Rio Tinto. Entrée chez Pechiney en 1995, elle dirigeait la division Emballages du groupe d'aluminium lors de sa reprise par Alcan en 2003. Preuve que c'est bien un petit morceau de l'ancien fleuron français qui veut ressusciter.
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