« Les relocalisations devraient créer plus de 50.000 emplois d'ici à 2015 »

Vous faites actuellement campagne pour la relocalisation. Mais comment maintenir les emplois en France ? Depuis 2009, on observe un mouvement de relocalisation de productions ou d'activité de R&D (recherche et développement). Par exemple, 3S Photonics, qui avait, il y a six ou sept ans, créé 200 postes en Thaïlande, devrait les rapatrier en France. La mesure de soutien à la réindustrialisation va accélérer ce changement : elle est opérationnelle et à la disposition des entreprises depuis le 8 juillet. 200 millions d'euros ont été débloqués. Cette mesure vise notamment la production de composants ou de l'assemblage faits à l'étranger, mais pour des produits à destination du marché français. La mesure devra permettre en trois ans la réalisation d'une quarantaine de nouveaux projets sur le territoire national et la création de 2.000 emplois. Le mouvement initié devant être démultiplié, l'objectif est de dépasser d'ici 2015 les 50.000 emplois supplémentaires.Dans quels domaines ? La relocalisation peut intervenir notamment dans des filières comme la fonderie, la métallurgie, la microélectronique. Des domaines où la recherche et développement est importante, où l'on se rend compte qu'en Asie, les emplois sont moins qualifiés, les outils de travail moins performants et la relation avec les clients moins efficace.Les groupes industriels français vont-ils jouer le jeu ?Pour cela, nous avons mis en place 11 comités de filières afin de mettre fin à la dictature de la compression des coûts systématiques et aveugles, aux pressions insupportables sur les marges et sur les prix exercées par les donneurs d'ordre sur leurs fournisseurs et sous-traitants, par exemple dans l'automobile, l'aéronautique ou la microélectronique. Nous disons aujourd'hui aux grands groupes français : tout ce qui peut être produit en France doit l'être, et ce à des conditions économiques viables pour tous les acteurs, petits ou grands, assembleurs ou équipementiers. Il n'est pas normal de mettre en concurrence sur la seule base du prix Valeo et Denso, filiale de Toyota au Japon pour fournir des équipements sur une Renault. Nous voulons obtenir un changement radical dans la façon de travailler des grands groupes français avec leurs fournisseurs. Les Allemands l'ont fait depuis l'an 2000 et ont ainsi créé un écosystème vertueux. Nous pas et cela nous a coûté la destruction de 550.000 emplois industriels. Cela doit cesser.Un an après une importante vague de plans sociaux en France, de nombreux ex-salariés de ces entreprises n'ont toujours pas retrouvé de travail. Qu'en pensez-vous ?Chez Nortel ou Heuliez, des centaines d'emplois ont été préservés grâce aux reprises. Autre exemple avec New Fabris : l'État n'a jamais autant fait pour la relance de l'activité industrielle à Châtellerault. J'ai ainsi demandé à ce que le dispositif Vivendi soit déployé pour créer 300 emplois. En regroupant les différents leviers, ce seront au total 670 emplois qui devraient être créés d'ici deux à trois ans. Dernier exemple, Molex : J'ai obtenu que l'activité de fabrication de connecteurs électriques se poursuive à Villemur-sur-Tarn. Je me suis engagé à ce que 50 emplois soient recréés avant la fin de l'année, nous en sommes déjà à 42, dont 39 anciens de Molex et je ferai tout pour que ce soit beaucoup plus d'ici deux ans.Propos recueillis par Agnès Laurent et Olivier ProvostChristian Estrosi, ministre de l'Industrie
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.