Vers une paupérisation des chômeurs âgés

La mesure faisait partie de la batterie d'actions engagées depuis 2006 en faveur de l'emploi des seniors. D'un côté, avec des dispositifs de préretraites moins attractifs et l'obligation de mettre en place un « plan » seniors, les entreprises étaient incitées à garder leurs quinquas. De l'autre, les demandeurs d'emploi verraient progressivement disparaître la possibilité d'être « dispensé de recherche d'emploi ». Jusqu'en 2008, un chômeur de plus de 57 ans et demi qui s'inscrivait à l'ANPE n'était pas soumis à l'obligation de rechercher un emploi. Cette dispense de recherche d'emploi étant parfois perçue par les employeurs comme une forme de préretraite qui ne dirait pas son nom, le gouvernement a programmé sa disparition progressive d'ici à 2012 dans la loi d'août 2008 sur les droits et devoirs des demandeurs d'emploi. En 2009, seuls les chômeurs de plus de 58 ans étaient exonérés de rechercher un emploi, une borne d'âge repoussée à 59 ans en 2010. Les effets de ce resserrement ont été immédiats. Selon une récente étude du ministère du Travail, seuls 77.000 demandeurs d'emploi sont entrés en dispense de recherche d'emploi en 2009, contre 150.000 en 2007 et 110.000 en 2008. Et la baisse se poursuit en 2010. Selon les dernières statistiques du chômage, le nombre de dispensés de recherche d'emploi indemnisés était de 303.700 en mai dernier, soit 9,1 % de moins qu'il y a un an. Reste à savoir si cette baisse n'est pas qu'un simple trompe-l'oeil car, faute de données disponibles, difficile de savoir si les chômeurs situés dans la fourchette de 57,5 ans à 59 ans ont vu leur taux de retour à l'emploi s'améliorer ou s'ils sont restés demandeurs d'emploi. Surtout, cette tendance a été concomitante d'une paupérisation des chômeurs âgés. En effet, le raccourcissement progressif des durées d'indemnisation des seniors par l'assurance chômage a eu un effet très net. Fin 2009, 48,4 % des dispensés de recherche d'emploi étaient indemnisés au titre de l'Allocation de solidarité spécifique (ASS) ou de l'Allocation équivalent retraite (AER), dont le montant est en moyenne beaucoup moins élevé que les indemnités chômage classiques, contre 33,7 % fin 2005. Conséquence, 31 % des demandeurs d'emploi « âgés » ont touché moins de 450 euros par mois en 2008. La tendance est d'autant plus inquiétante que le recul de l'âge légal de départ à 62 ans prévu dans la réforme des retraites risque de gonfler les rangs des chômeurs âgés à faibles ressouces. A. L.
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