Le PS hostile à une loi sur la burqa, Sarkozy réservé

Déjà confronté aux dérapages du débat sur l'identité nationale, le chef de l'État suit attentivement les discussions sur le port de la burqa dans l'espace public. Nicolas Sarkozy a été irrité par l'initiative du président du groupe UMP de l'Assemblée, Jean-François Copé, qui s'est prononcé fin décembre pour une loi contre le voile intégral. Selon un de ses proches, le chef de l'État juge le sujet « si sensible qu'il faut que chacun évite d'en faire une affaire personnelle ». Nicolas Sarkozy ne compte pas se « prononcer officiellement avant les conclusions » de la mission parlementaire, présidée par le communiste André Gérin, d'ici la fin du mois de janvier.Mardi soir, le bureau national du Parti socialiste a tranché. Il s'est exprimé contre « une loi de circonstance », comme l'a expliqué le porte-parole du PS, Benoît Hamon. « La burqa est une prison pour les femmes, dans la République, elle n'a pas sa place », a-t-il expliqué sur RTL. Mais, a précisé Benoît Hamon, un projet de loi trouverait ses limites dans son application concrète. « De quelle manière les forces de l'ordre amèneraient une femme à enlever sa burqa ? » s'est-il interrogé.Paradoxalement, le PS se retrouve sur une position voisine de celle exprimée mardi devant des responsables UMP par Nicolas Sarkozy. Benoît Hamon a ironisé sur cette convergence idéologique inattendue. « Je suis sarkozyste », a-t-il lancé sur RTL. Mais plusieurs élus socialistes, comme Aurélie Filipetti et Manuel Valls, ont jugé les déclarations de Benoît Hamon « un peu prématurées » et ont rappelé leur attachement à l'introduction d'un arsenal législatif contre le voile intégral, jugeant indispensable son « bannissement » dans « l'espace public », y compris les services (mairie, école, etc.).une « résolution »Mardi, Nicolas Sarkozy a évoqué la possibilité pour le Parlement d'adopter, dans un premier temps, une « résolution », c'est-à-dire une disposition non contraignante. Mercredi, l'UMP lui a emboîté le pas. Le parti majoritaire, qui rendra publique sa position vendredi, devrait proposer une résolution « qui s'oppose au port de la burqa en rappelant le principe de la dignité de la femme ». Si cette mesure n'est pas suivie d'effets après un délai de six mois ? par exemple ?, la majorité et le chef de l'État envisageraient alors de recourir à la loi. Jean-François Copé reste pour sa part fermement décidé à aller vite en matière législative. Une proposition de loi « devrait être soumise lors de la première quinzaine de janvier aux députés UMP et inscrite à l'ordre du jour parlementaire au mois d'avril », a-t-il dit mercredi. Le texte pourrait proposer d'interdire le port du voile intégral sur la voie publique et dans tous les lieux ouverts au public, « au nom du droit des femmes et de la sécurit頻.Même s'il a lui-même lancé le débat devant le Congrès de Versailles en juin, en affirmant que la burqa n'avait « pas sa place » dans la République, Nicolas Sarkozy s'inquiète des risques de tensions avec la communauté musulmane, qui s'estime déjà stigmatisée par le débat mené par Éric Besson. Dans quelques jours, le chef de l'État devrait se rendre au cimetière militaire de Notre-Dame-de-Lorette, près d'Arras, où le carré musulman a été profané plus de trois fois en deux ans. Hélène Fontanaud
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