Départ du tout-puissant ministre des Finances Fujii

Naoto Kan le successeur du ministre des finance est doté d'un sens politique très aigu qui promet d'animer le débat dans cette société déboussolée qu'est le Japon. Nouvelle crise pour le gouvernement de Yukio Hatoyama. Le premier gouvernement d'alternance du Japon depuis 1945 a perdu l'un de ses deux membres dotés d'une expérience du pouvoir. Le ministre des Finances, Hirohisa Fujii, 77 ans, a démissionné mercredi pour raisons de santé. Cet homme était une carte maîtresse de Yukio Hatoyama, respecté de ses pairs du monde politique comme des hauts fonctionnaires du tout-puissant ministère des Finances (MoF). Sa présence tranquillisait les marchés, en particulier les investisseurs étrangers apeurés par son collègue, l'incompétent Shizuka Kamei, en charge des Services financiers. Hirohisa Fujii est remplacé au pied levé par Naoto Kan, âgé de 63 ans. Très populaire, très à gauche, cet ancien chef de l'opposition s'était illustré lors de son passage au ministère de la Santé en brisant les reins de sa propre administration lors de l'affaire japonaise du sang contaminé. Sa compétence en matière économique ne vaut certes pas celle de son prédécesseur, mais il avait depuis sa prise de fonctions pris plusieurs fois position dans les débats économiques du pays, en particulier sur la déflation. Naoto Kan est doté d'un sens politique très aigu qui promet d'animer le débat dans cette société déboussolée qu'est le Japon. Fidèle acolyte de M. Hatoyama au sein du PDJ, où il a exercé différentes responsabilités, élu dix fois député, M. Kan a obtenu un poste clé dans le gouvernement que celui-ci a formé en septembre 2009. Budget recordJusqu'à présent en charge du Bureau de la stratégie d'État dans l'équipe Hatoyama au rang de vice-Premier ministre, il hérite cette fois du plus prestigieux des ministères à un moment crucial. Dans dix jours, il devra défendre devant la Diète le premier budget de ce gouvernement qui a promis de refonder l'économie sur de nouvelles bases. Très expansionniste, tourné sur l'offre davantage que sur la demande, ce budget donnera peut-être aux Japonais l'occasion de consommer davantage et aux exportateurs de prendre enfin les rênes de la croissance, à partir du 18 janvier. Ce budget, le premier pour une année pleine préparé par la coalition de centre gauche au pouvoir, atteint la somme record de 92.300 milliards de yens (704 milliards d'euros). Il pourrait au moins permettre au Japon d'éviter une nouvelle plongée dans la récession.Le pouvoir du ministère des Finances est si écrasant dans le gouvernement japonais et la personnalité de l'actuel Premier ministre si transparente que le flamboyant Naoto Kan devient de facto une sorte de Premier ministre bis. Le Premier ministre et le chef de la nouvelle majorité, affaiblis par des scandales financiers, lui laissent le champ libre. Surnommé « Ira Kan » ou « Kan l'irascible » pour son caractère colérique, il est désormais en mesure de réaliser les rêves de justice sociale de sa jeunesse militante. Régis Arnaud, à Tokyo
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