Feu vert à l'alliance Renault-Nissan-Daimler

Décidément, les réflexes ont la vie dure. Bien qu'il ne détienne que 15 % de Renault, l'état français a « validé [le] rapprochement entre Renault-Nissan et Daimler », a déclaré mardi le ministre de l'Industrie à l'Assemblée nationale. Christian Estrosi a souligné qu'un conseil d'administration « particulièrement important » s'était tenu chez Renault et que cette réunion avait été « préparée avec [la ministre de l'économie] Christine Lagarde » et les administrateurs chargés de représenter l'état, qui « s'impliquent [...] dans la stratégie industrielle de Renault ». Il peut sembler paradoxal que ce soit un ministre qui confirme l'alliance de trois grands constructeurs privés, avant que les intéressés ne le reconnaissent eux-mêmes. Et ce, dix-sept ans après que l'état français a fait capoter, par son activisme, la fusion entre Renault et Volvo ! Carlos Ghosn, double PDG de Renault et Nissan, et Dieter Zetsche, patron du groupe allemand, doivent annoncer ce mercredi matin leur mariage tant attendu, lors d'une conférence de presse commune à Bruxelles. Daimler, le fabricant des célèbres Mercedes et Smart, qui détient 15 % du groupe aéronautique et de défense EADS aux côtés notamment de l'état français, a toutefois l'habitude de l'interventionnisme des pouvoirs publics hexagonaux. « Je peux garantir que, au terme de ce partenariat, l'état français restera le premier actionnaire de Renault-Nissan », a poursuivi Christian Estrosi. Ce dernier a aussi assuré que « les retombées directes » du rapprochement entre Renault-Nissan et Daimler se feraient « sentir immédiatement », évoquant « plus d'emplois industriels dans l'automobile en France ». Le ministre a mentionné parmi les bénéficiaires le site d'utilitaires de Maubeuge (Nord), Cléon (Seine-Maritime) « avec les motorisations du futur » et Hambach (Moselle), qui fabrique la Smart Fortwo de Daimler. plate-forme communeCe rapprochement doit se traduire par un échange symbolique de participations croisées (autour de 3 %) et la création d'une première plate-forme commune dans les petites voitures, dont bénéficieraient notamment les futures Smart. Renault offrirait aussi la plate-forme de son petit utilitaire Kangoo. Par ailleurs, Nissan profitera a priori des moteurs Mercedes de grosse cylindrée. Des moteurs conjoints sont aussi au programme. Daimler, Renault et Nissan collaboreront aussi dans l'électrique.Nationalisée en 1945, la Régie Renault n'est redevenue une société anonyme qu'en 1990. C'est le 17 novembre 1994 que l'État français a procédé à une ouverture partielle du capital, étape vers une privatisation effective en juillet 1996. En 2002, l'État a réduit sa participation dans le capital à 25,9 %, puis l'année suivante à 15,7 %. Si l'état s'est progressivement effacé dans les années 2000, il a toutefois brutalement renoué l'an dernier avec un rôle beaucoup plus actif. En octroyant début 2009 un prêt de 3 milliards d'euros à Renault (et autant à PSA) d'une durée de cinq ans, le chef de l'état Nicolas Sarkozy a alors exigé un engagement des constructeurs à ne pas fermer d'usines d'assemblage dans l'Hexagone et ne pas procéder à des plans de licenciement. Renault a aussitôt accepté, jouant même le bon élève empressé. Mais las, en dévoilant en janvier 2010 le projet du constructeur au losange de produire sa future Clio IV en Turquie et non plus à Flins (voir « La Tribune » du 8 janvier) a fait promptement réagir les pouvoirs publics, qui ont immédiatement admonesté Carlos Ghosn. Nicolas Sarkozy a même convoqué le PDG à l'élysée samedi 16 janvier. Après les levées de boucliers, Carlos Ghosn a dû promettre de sauvegarder les emplois à Flins. Depuis, le gouvernement français suit de très près les décisions du constructeur.
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