« À croire que le FMI et l'Union européenne n'ont rien compris »

A chacun son tour ! » : dans les bistrots de Rio de Janeiro, ils étaient nombreux, ce mercredi soir, à commenter les images des manifestations à Athènes contre les mesures d'austérité du gouvernement. En Amérique latine, le feuilleton grec est suivi avec effarement, tant il rappelle les années noires dans la région : panique sur la dette, spéculation des marchés financiers, rumeurs des agences de notation, hésitations des pouvoirs publics, prêts tardifs du Fonds monétaire international (FMI) accompagné d'exigences drastiques. « À croire que le FMI et l'Union européenne n'ont rien compris de ce qui s'est passé dans nos pays », souligne José Dirceu, un des ténors du Parti des travailleurs du président Luiz Inacio Lula da Silva. « Faire un prêt et imposer de telles restrictions n'est pas une solution, et c'est inacceptable politiquement comme le prouvent les manifestations. L'Union européenne préfère ne pas voir que le problème est celui de la conduite politique », poursuit-il. « Les vieilles recettes »Même perception à Buenos Aires, où la présidente Cristina Kirchner a ironisé ce mardi sur « les vielles recettes » des institutions de Bretton Woods. « Regardez les images de la Grèce, ça me rappelle l'Argentine de 2001 », a-t-elle lancé, en appelant à une accélération de l'intégration latino-américaine. Pour l'analyste argentin Horacio Verbitsky, « le FMI n'a pas changé d'un iota : prêter en échanges de coupes claires. Ici, ce qu'ils ont prêté a alimenté la fuite de capitaux organisée par ceux qui savaient que le plan était intenable », insiste-t-il. Les comparaisons ont toutefois leurs limites, pondère Lia Valls Pereira, économiste de la Fondation Getulio Vargas, à Rio de Janeiro. « L'Argentine et le Brésil étaient seuls, la Grèce a l'Union européenne. Reste à voir si les autres pays seront solidaires. » Pour l'économiste, le FMI retrouve avec la crise « une raison d'être, mais pas encore une légitimit頻. Comme avant, le plan imposé à la Grèce est « extrêmement dur et peut être plus difficile à mettre en oeuvre : les Européens ne pensaient pas que cela pouvaient leur arriver, ce genre de restriction, c'était pour les autres », conclut-elle. n
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