La Serbie tourne le dos à l'Europe

La Serbie revient sur l’indépendance de sa banque centrale et met en jeu son avenir européen. Samedi soir, le parlement de Belgrade a adopté une loi qui limite les pouvoirs de la Banque Nationale de Serbie (BNS). Concrètement, une instance de supervision de la BNS a été créée qui devra « prendre une part active dans la processus de définitions de la politique monétaire ». Cette instance sera directement issue du pouvoir politique.Retour des nationalistesCette loi confirme la volonté de la nouvelle majorité serbe de remettre en cause les réformes « pro-européennes » du précédent pouvoir. En mai, les héritiers de Slobodan Milosevic ont repris le pouvoir à Belgrade avec l’élection de Tomislav Nikolic à la présidence de la république et la victoire de son parti, le SNS, aux élections législatives.« Démission » du gouverneur La semaine dernière, le gouverneur de la BNS, Dejan Soksic avait « démissionné » près de quatre ans avant la fin de son mandat. Il était considéré comme un « orthodoxe » monétaire et n’avait jamais hésité à critiquer la dérive des finances publiques serbes. Tomislav Nikolic l’a remplacé par Jorgovanka Tabakovic, l’ancienne ministre de l’Economie de Slobodan Milosevic, qui est membre du SNS. Une nomination qui a entraîné le départ du vice gouverneur Bojan Markovic qui a jugé que la loi proposée par le gouvernement menait à « une incertitude à long terme ». Mais en enfonçant le clou par la nomination d’une proche du président au poste de gouverneur, le pouvoir serbe entend insister sur son intention de maîtriser la politique monétaire.Belgrade tourne-t-elle le dos à l’Europe ?Cette politique est une pierre dans le jardin de la communauté internationale. Le FMI, la commission européenne et la banque mondiale s’en sont ouvertement émus. A Bruxelles, notamment, on s’inquiète compte tenu du passé de la Serbie et des conflits qui ont ensanglanté les Balkans entre 1991 et 1999. Belgrade a acquis le statut de candidat à l’UE l\'an passé, mais l’indépendance de la banque centrale est une des pierres angulaires de l’adhésion à l’UE. La Hongrie de Viktor Orban avait tenté de revenir sur ce point l’an passé et a dû faire machine arrière sous la pression européenne. On craint désormais clairement que la Serbie envisage de tourner le dos à l’Europe comme dans les années 1990.Inquiétude des marchésDans les salles de marché aussi, on s’inquiète. Dans un contexte de récession, le gouvernement envisage sans doute par cette politique de financer sa politique par l’usage de la planche à billet. La stabilité financière du pays pourrait en être affectée, car les finances publiques ne sont pas bonnes et le FMI a suspendu en février un prêt de 1,3 milliard d’euros faute de réformes. Le dinar serbe se maintient cependant, même s’il a perdu 2,5 % en un mois et s’il a dérapé la semaine dernière avant de se reprendre. Preuve qu’il n’y a pas encore de panique sur la Serbie du côté des banques.  
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.