"Du générique, des interdictions et des taxes : les fumeurs sont en mauvaise posture"

Dans la lutte antitabac actuelle, tous les coups semblent permis pour « dénormaliser » et pénaliser la rentabilité du marché officiel du tabac. Cependant, si ces efforts sont couronnés de succès, le vide créé par sa disparition sera comblé par le marché noir, avec son propre lot d\'effets pervers.Pas étonnant que les buralistes soient fâchés et crient leur colère face à de nouveaux projets de lois qui, après de nombreux autres, menacent le marché légal et avec lui la santé des consommateurs. Les pouvoirs publics ne devraient pas oublier que la présence d\'une filière légale est paradoxalement le seul « rempart » à cet égard.L\'ensemble du marché légal du tabac est touché par ce processus de « dénormalisation ».Du côté de la demande, les fumeurs font face à des restrictions de plus en plus importantes quant à leur liberté de fumer et à une fiscalité de plus en plus lourde. Après la hausse de 6% de l\'automne dernier, une hausse similaire les attend au 1er octobre prochain - soit un bond d\'environ +12,4% en moins d\'un an.De telles hausses ne sont, certes, pas une nouveauté. Mais leur effet cumulé pourrait bien franchir le seuil au-delà duquel les fumeurs - désireux de préserver leur pouvoir d\'achat en ces temps de crise - seraient massivement poussés à se rabattre sur le marché de contrebande, prenant encore davantage de risques pour leur santé et privant l\'État des recettes supplémentaires attendues.À ce propos, des baisses dans les livraisons effectuées chez les buralistes auraient été déjà constatées, de 4,3% entre la précédente augmentation du prix d\'octobre 2011 et juin 2012, la baisse s\'accélérant en 2012 (-8% au mois de juillet).La nouveauté de la lutte antitabac actuelle est cependant du côté de l\'offre où un véritable « arsenal » réglementaire, visant ni plus ni moins à entraver la commercialisation du tabac, est mise en place. Il s\'agit par exemple de prohiber l\'étalage des cigarettes sur les lieux de vente (obligation de vente « sous le comptoir ») ou d\'imposer un « paquet générique ». On comprend dès lors pourquoi des buralistes ont décidé de manifester aujourd\'hui dans une centaine de villes dans toute la France car ils seront évidemment touchés par ce nouvel arsenal réglementaire promu notamment par les autorités européennes.Si le paquet générique - mesure phare du projet européen - est imposé, les fabricants de cigarettes, mais aussi les fumeurs, seront touchés. Car la disparition de toute utilisation d\'un logo, couleur, image, graphisme, etc., faisant référence à l\'existence d\'une marque de cigarette aura un impact sur les fabricants pour qui l\'image de marque représente un de leurs actifs les plus précieux. Elle affectera aussi les consommateurs qui se verront privés d\'une source d\'information et d\'identification du produit et de son fabricant. Ce sera enfin une invitation pour les contrebandiers de cigarettes qui verront leur tâche facilitée par un environnement où la différenciation entre les marques sera largement diminuée.Il est illusoire de penser que pénaliser les profits et la rentabilité d\'une filière permettra de diminuer la consommation de son produit qui par ailleurs reste désiré, recherché et consommé. Il ne faut pas oublier la triste expérience du régime sec des années 1920 aux États-Unis.Car le véritable choix est : laisser le marché officiel répondre à ces besoins ou subir les effets pervers de la contrebande et du marché illicite. Qu\'ils le veuillent ou non, c\'est cette dernière option que les gouvernements ont privilégié dans leur lutte anti-tabac et il est grand temps d\'inverser la tendance.
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