La guerre des monnaies menace la croissance économique mondiale

Croissance pour tous, mais chacun pour soi ! Tel est le mot d'ordre implicite des pays - qu'ils soient convalescents, comme les États-Unis et l'Union européenne, ou fringants comme les émergents, Chine en tête ! Pour améliorer la compétitivité, la manipulation de la monnaie est devenue une arme de choix. « Mise en pratique, une telle idée constituerait un risque très grave pour la reprise mondiale. Toute approche semblable aurait un effet défavorable et particulièrement dommageable sur le long terme », s'alarmait mercredi le patron du Fonds monétaire international (FMI), Dominique Strauss Kahn, dans les colonnes du « Financial Times ». Cette spirale pourrait s'avérer en effet dommageable pour tout le monde, la croissance mondiale en 2011 restant fragile, selon les projections de ce même FMI (lire ci-dessous).Stabilisation monétaireLa semaine dernière, les États-Unis ont fait un premier pas vers l'imposition de droits de douanes sur les produits chinois, jugeant que Pékin manipulait sa monnaie pour favoriser ses exportations. Le même reproche domine cette semaine la rencontre entre dirigeants chinois et européens à Bruxelles. Mais Pékin reste sourd, et menace même les États-Unis de mesures de rétorsion. Mardi, le Japon décidait unilatéralement de baisser ses taux pour déprécier son yen, notamment par rapport au yuan et au dollar. Quant aux émergents, ils pourraient faire de même, mais pour calmer l'envolée de leur devise provoquée par l'afflux de capitaux. Le Brésil vient de sauter le pas. La Corée du Sud pourrait suivre. A terme, le risque de cette manipulation monétaire tous azimuts est de renforcer les mesures protectionnistes et ralentir le commerce international. Dans ces conditions, l'initiative de la France d'inscrire parmi les priorités de sa prochaine présidence du G20 un système de stabilisation monétaire va dans le bon sens, même si les conditions pour la réaliser s'éloignent ces jours-ci (lire ci-dessous).Enfin, il est peut-être utile de méditer les leçons du passé. Lorsque Pékin, sous la pression de Washington, décida de laisser « flotter » sa monnaie entre 2005 et 2008, elle s'apprécia de 20 % par rapport au dollar. La Chine pu acheter davantage de pétrole, et participa à la hausse des prix sur la période de 60 à 147 dollars, une flambée qui pesa sur l'économie mondiale.
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