Le yen reprend son envol, l'euro le poursuit

Le yen pourrait bien connaître un sort analogue à celui du franc suisse. Car on ne brise pas une histoire d'amour entre une monnaie et les acteurs du marché des changes en le décrétant, fut-ce à coup d'interventions musclées, de retour à la politique de taux zéro ou de recours à des mesures d'assouplissement monétaire quantitatif. La guerre contre le yen fort menée par la Banque du Japon (BoJ) menace déjà de faire chou blanc comme celle livrée au cours de la première partie de l'année par la Banque nationale suisse (BNS) pour calmer la fièvre sur son franc. La BNS a eu beau maintenir des taux à un niveau voisin de zéro et engranger des tombereaux de dollars pour enrayer la hausse de la monnaie helvète, le franc n'en a pas moins pulvérisé une série de records historiques face à l'euro entre juin et septembre et face au dollar depuis début octobre. La Banque du Japon, sous la houlette du ministère des finances japonais, a elle eu beau procéder à l'intervention de change la plus massive de son histoire, en achetant 25 milliards de dollars contre yens le 15 septembre, elle n'a qu'interrompu la marche de sa monnaie vers le record historique de 79,75 pour un dollar, pulvérisé au début du printemps 1995. Mercredi et pour la deuxième séance consécutive, le yen a refranchi la ligne rouge de 83 pour un dollar que la BoJ avait défendue au milieu du mois dernier. La monnaie de l'archipel a ainsi crevé un nouveau plafond de quinze ans face au billet vert mercredi, grimpant jusqu'à 82,80. comme un aimantMonnaie d'un pays dont le commerce extérieur est structurellement excédentaire, le yen attire les capitaux comme un aimant en période d'aversion au risque, surtout ceux qui fuient les devises des pays prêts à lancer une nouvelle vague d'assouplissement quantitatif. Tout comme le franc suisse, qui est encore monté hier à un record absolu de 0,9620 pour un dollar. Et plus paradoxalement l'euro, qui a à peine bronché à l'annonce, à la mi-journée de mercredi, d'une dégradation de la note souveraine de l'Irlande par l'agence Fitch, au lendemain de sa mise sous surveillance par Moody's. La monnaie unique s'est même hissée à son plus haut niveau depuis février face au dollar, venant franchir le seuil de 1,39. Et c'est bien elle qui est devenue la principale variable d'ajustement à la baisse du dollar ou de la livre sterling, les deux victimes de l'aversion au risque « quantitatif ». Sur un marché des changes qui se mue en champ de bataille, c'est bien l'euro qui se renforce le plus fort et le plus vite, la Banque centrale européenne s'étant résolument mise hors jeu, trop contente sans doute que la déroute d'hier se soit transformée en « come back » triomphant. L'euro que les Cassandre condamnaient à mort au plus fort de la crise de la dette souveraine a regagné 14,5 % de sa valeur face au dollar depuis son plancher de l'année atteint fin juin et se rapproche à grandes enjambées du point haut du début du millésime juste au-dessus de 1,45.
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