À Hollywood, tout le monde n'a pas peur d'Internet

En lançant en 2009 avec MGM et Paramount (Viacom), Epix, un service de télévision payante disponible par abonnement ou à la carte... Lionsgate a voulu prendre le contrôle de la destinée des films qu'il produit parmi lesquels « The Expandables » , « Precious » ou « From Paris with love ». Pour Jon Feltheimer, le patron du studio « indépendant » qui n'est adossé à aucune grande chaîne, à la différence des Disney, Warner et autres, contrôler la destinée de ses droits est essentiel. Surtout dans un univers numérique où les canaux de distribution explosent. Moins d'un an après, Epix, qui propose les films récents et le catalogue des trois studios, est accessible auprès de 31 millions de foyers américains, par câble, satellite, et compterait 10 millions d'abonnés ou clients. « Et le service est devenu rentable en moins de 10 mois », a assuré Jon Feltheimer dans une conférence mardi au Mipcom à Cannes. Selon lui, les chaînes payantes HBO et Showtime n'étaient plus prêtes à accepter les prix demandés par Lionsgate. Défragmentation du publicLe rendez vous professionnel des programmes de télévision a désigné Feltheimer, qui dirige Lionsgate depuis 10 ans, « Personnalité de l'année ». À cette occasion, il a délivré un message optimiste. Selon lui, l'accord d'un genre nouveau signé cet été avec Netflix, - le service de location de DVD par courrier, reconverti dans la vidéo à la demande en ligne -, illustre les nouveaux gisements de valeur pour les contenus à trouver dans l'explosion numérique. Cet accord donne aux clients de Netflix accès aux programmes d'Epix en « streaming » (visionnage en direct sans téléchargement ), 90 jours après leur première diffusion sur une chaîne payante. L'accord générerait 1 milliard de dollars de recettes sur 5 ans, pour Epix selon la presse américaine. « Qui aurait pensé qu'il y avait là 1 milliard de dollars à aller chercher ? » a lancé Jon Feltheimer qui enjoint les participants du Mipcom à multiplier les relations avec les fournisseurs d'accès Internet, les Microsoft, Google, Apple, Facebook et autres. L'accord avec Netflix freine toutefois les plus grands câblo-opérateurs comme Time Warner Cable ou Comcast à distribuer Epix. Mais il n'est pas le seul exemple de la stratégie de « niche » rentable développée par Lionsgate pour résister à la fragmentation des publics. Également producteur de séries TV pour le câble, comme « Weeds » ou « Mad Men », Lionsgate tire désormais 25 % de son chiffre d'affaires de la télévision, soit près de 400 millions de dollars en 2010 (360 sur près de 1,6 milliards en 2009). Et pour une série comme « Mad Men », diffusée sur la chaîne câblée AMC, le modèle économique combine des flux de revenus venant du câble, des ventes de DVD, d'une dizaine d'accords avec des plate-formes de vidéos à la demande en ligne dont iTunes d'Apple, de ventes internationales (à Canal Plus notamment).Message rassurantLa taille des « niches » du marché américain est toutefois sans comparaison avec celles de pays européens. Ainsi en visant les hispaniques gros consommateurs de cinéma, la chaîne Pantalion, créée par Lionsgate dans un joint venture avec Televisa, s'adresse à 26 millions de personnes. En Asie, Lionsgate a créé une chaîne en association avec le groupe d'Haïm Saban. Pour Jon Feltheimer, si les choses sont moins simples que lorsqu'il s'agissait de produire un film, le rentabliliser en salles et en ventes DVD, et d'en tirer des profits à l'international et sur le câble, « il y a beaucoup plus d'argent » à aller chercher auprès des acteurs des réseaux numériques. Un message rassurant à l'heure où l'arrivée de Google dans la télévision inquiète Hollywood et les acteurs traditionnels de l'audiovisuel.
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