EDF abandonne EnBW, qui affiche ses ambitions

« C'est une belle journée pour le Bade-Wurtemberg ». Stefan Mappus ne dissimulait pas son enthousiasme ce lundi en annonçant le rachat par le Land dont il est ministre président de la participation de 45 % d'EDF dans le groupe énergétique EnBW. Le Land s'est d'ailleurs montré très généreux pour parvenir à ses fins : une prime de 18,6 % sur le dernier cours coté et une dépense de 4,7 milliards d'euros au moins financée par un emprunt. Mais l'expérience française n'avait que trop duré pour les autorités de Stuttgart qui ne souhaitaient pas que la renégociation du pacte d'actionnaires entre EDF et l'autre grand actionnaire, le consortium municipal OEW, l'an prochain, ne s'enlise. Car EDF souhaitait vendre et OEW ne voulait pas acheter. Le Land a donc pris les choses en mains.L'objectif du gouvernement régional est clair : introduire cette participation en Bourse et donner à EnBW les moyens de jouer dans la cour des grands. Stefan Mappus a ainsi affirmé qu'une « part importante » de ces 45 % seront mis en Bourse « à moyen terme ». « Je ne peux dire si cela se fera dans neuf mois ou dans deux ans et demi », a ajouté le ministre président. Mais le but est clair : « faire d'EnBW le quatrième groupe du Land à entrer dans le DAX après Daimler, SAP et HeidelbergCement ». Le message est également clair : rejoindre les deux géants allemands de l'énergie RWE et E.On, qui, en restant indépendants, ont mené une stratégie agressive de développement en Allemagne comme à l'international. Autrement dit : la cession à EDF en 2000 de la participation du Land était une erreur stratégique qu'il faut corriger à présent en redonnant à EnBW son indépendance et un accès aux marchés financiers. OpportunitésCe ne sera pas cependant pas aisé. EnBW est certes le numéro trois allemand de l'énergie, mais son chiffre d'affaires de 15 milliards d'euros est trois fois moindre que celui de RWE et six fois en deçà de celui d'E.On. Et si le groupe est désormais indépendant, il devra compter avec l'impôt sur le combustible nucléaire décidé par le gouvernement fédéral, car il est très dépendant encore de ses centrales atomiques. Mais EnBW pourra sans doute aller tenter sa chance hors d'Europe, sur des marchés plus rentables. Lundi, son président Hans-Peter Villis affirmait voir dans le départ d'EDF « des opportunités de développement » pour le groupe. Romaric Godin, à Francfort
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.