L'Allemagne s'interroge sur la nécessité de hausses salariales

Pour en finir avec la crise de l’euro, l’institut allemand IMK, proche des syndicats, réclame des hausses de salaires outre-Rhin. Dans son étude de prévision pour l’année 2013, l’économiste en chef de l’IMK, Gustav Horn, indique ainsi que les «impulsions» pour sortir de la crise pourraient venir d’une «politique budgétaire expansionniste dans les pays de la zone euro qui ne sont pas touchés par la crise», ainsi que «d’une dynamique salariale plus forte, car plus orientée sur la productivité en Allemagne.»RééquilibrageSelon Gustav Horn, il est urgent de «s’éloigner de la politique d’austérité» actuellement mise en place, car «le risque de déflation est plus élevé que celui de l’inflation.» L’idée de l’institut IMK est que des hausses salariales outre-Rhin ne mettraient pas en péril la capacité exportatrice de l’économie allemande, mais permettraient de développer rapidement – beaucoup plus rapidement que par la politique d’austérité – la demande intérieure et la compétitivité relative des pays en crise. Il y aurait alors un rééquilibrage interne «vertueux» de la zone euro.Le patronat furieuxCe week-end déjà, un des cinq «sages» économiques qui conseillent le gouvernement, Peter Bofinger, avait réclamé des hausses de salaires «de plus de 5%» dans une interview au Spiegel. Un débat et des propositions qui ont provoqué la fureur des milieux industriels. Le BDI, qui représente les industriels allemands, a rejeté une telle politique. «Au cours des dernières années, nous avons construit une excellente compétitivité», a indiqué son président Ulrich Grillo. «Il convient de prendre garde à ne pas mettre en danger cette position», a-t-il ajouté. L’institut économique IW de Cologne, proche du patronat, estime que la «sagesse économique est mise sur la tête» avec de telles propositions. «Ce qui renforce la demande intérieure et assure le pouvoir d’achat, c’est la politique de modération salariale qui a permis de faire reculer de deux millions de personnes le nombre de chômeurs en Allemagne», explique l’institut.Gouvernement pas enthousiasteDe son côté, le gouvernement fédéral qui a jadis défendu les hausses salariales, se fait discret. Le ministre de l’Economie, le Libéral Philipp Rösler, ne veut évoquer que de la «consolidation budgétaire» et de la «défense de la compétitivité.» Ce qui laisse mal augurer d’une politique de relance quelconque. Mais qui sait si la question des salaires ne pourrait pas surgir comme un thème central de la campagne électorale allemande.  
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