« L'Europe a besoin d'une véritable politique spatiale »

Antonio Tajani, futur commissaire européen à l'industriePourquoi avez-vous sélectionné OHB Technology pour fabriquer 14 satellites du système de navigation Galileo, un marché de plus d'un demi-milliard d'euros, aux dépens d'EADS Astrium ?Tout a été fait pour que le meilleur rapport qualité-prix gagne. Cela nous a permis d'être dans le budget. Je ne connais ni Astrium ni OHB. J'ai examiné les offres et j'ai déterminé, en mon âme et conscience, laquelle était la meilleure. On disait qu'il y avait un monopole dans le domaine spatial. Heureusement, aujourd'hui, il y a plusieurs entreprises qui y travaillent. La concurrence est toujours une bonne chose.Quelle est la répartition des rôles entre la Commission et l'Agence spatiale européenne (ESA) sur ces dossiers ?Nous avons confié à l'ESA la responsabilité de la recherche, de la gestion des appels d'offres et de la signature des contrats. L'agence fait ce travail sous le contrôle de la Commission et c'est toujours à cell-ci que revient la décision finale. La décision est politique.Justement, avez-vous fait l'objet de pressions politiques de la part de certaines capitales ?Non, il n'y a pas eu beaucoup de pressions. Je n'ai pas eu de coups de fil « terribles ». En tout cas pas avant la décision. Après, en revanche, j'ai peut-être pu recevoir des lettres de gens déçus...Des lettres de « gens » déçus qui seront attentifs pour la suite des appels d'offres sur Galileo ?Il reste trois appels d'offres pour ce qui concerne les infrastructures terrestres. On aura le résultat mi-2010. Il y a aura ensuite le contrat pour la construction et le lancement des nouveaux satellites, pour nous permettre d'arriver à la pleine capacité opérationnelle de 30 satellites. On aura le premier service de navigation satellitaire en 2014.Jusqu'ici, à Bruxelles, Galileo dépendait du commissaire aux Transports. Mais dans la prochaine Commission, le système fera partie du portefeuille de l'Industrie. Que signifie ce changement ?La « politique spatiale européenne » existe désormais juridiquement grâce au nouveau traité de Lisbonne. C'est pour cela que toute la politique de l'espace va passer sous l'autorité du même commissaire. On va rassembler Galileo, GMES, EGNOS et tout ce qui concerne l'espace dans un même portefeuille, l'Industrie.Cela signifie-t-il que vous souhaitez une véritable politique industrielle en matière spatiale ?Je pense que c'est un grand défi industriel. C'est l'avenir. La clé d'une nouvelle politique industrielle, c'est l'innovation. Sans cela, nous ne pouvons pas avoir un système industriel compétitif avec les Chinois, les Indiens, les Américains, les Brésiliens.Quelles sont les priorités de l'Europe dans le domaine spatial ?Je vais faire une communication sur l'espace avant la fin de l'année pour dessiner une stratégie européenne. Car il ne s'agit pas seulement de Galileo. Nous avons plusieurs compétences dans ce domaine, comme la recherche et la politique contre le changement climatique. Bien entendu, cela n'empêchera pas les États membres d'avoir leur propre politique spatiale. Mais je considère que les politiques au niveau national seront trop petites pour gagner les défis du futur face à la Chine, la Russie, les États-Unis ou l'Inde... qui sont parfois nos alliés mais surtout nos adversaires dans l'espace. C'est pour cela que nous avons besoin d'une véritable politique spatiale européenne.
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