Face aux multinationales, Danube International fait de la résistance

Je crois encore à l'industrie française » : ce cri du coeur émane de Bernard Jomard, gérant de Danube International, une PME spécialisée dans la fabrication d'équipements pour blanchisseries industrielles (machines à laver, sécheuses-repasseuses). Installée à Lamotte-Beuvron (Loir-et-Cher), en pleine Sologne, la société (14 millions de chiffre d'affaires, 48 salariés) est considérée comme une «?pépite » avec une rentabilité constante de 10?%, ce qui la positionne, selon Ernst & Young, parmi les «?100 entreprises françaises les plus rentables?». Bernard Jomard, qui a repris l'entreprise en 1988 avec quatre autres associés, a d'abord cherché à construire un « modèle industriel ».« Je recherche, explique-t-il, le profit et le cash-flow à tout prix, je crois que c'est encore possible dans l'industrie en France pourvu qu'on s'en donne les moyens ». Pour cela, son credo est celui des prix : « On ne lance jamais un nouveau modèle s'il n'est pas moins cher que la concurrence de Miele, Whirlpool ou Electrolux. » Chez les neuf constructeurs qui dominent le marché mondial, Danube reste le plus petit mais aussi le plus rentable avec des parts des marchés de 10 % en France et de 2 à 5 % dans de nombreux pays. Pour obtenir des prix compétitifs, Bernard Jomard s'appuie d'abord sur la maîtrise des achats : l'électronique et l'inox viennent ainsi d'Italie (20 % moins chers qu'en France) tandis que la tôle peinte est achetée en Espagne. L'organisation Danube repose aussi sur une conception intégrée (l'activité R&D représente 5?% du CA), une forte organisation informatique, l'utilisation maximale du Net et une « vision clairement internationale ». Grâce à cela, la PME peut proposer des prix inférieurs à ceux... de Tchéquie et autres pays à bas coûts ! La force du modèle socialCette organisation s'appuie aussi sur un modèle social : « Les salariés sont choyés, avec une mutuelle et quatorze mois de salaire, tandis que la hiérarchie a été gommée. » La PME « transparente » fonctionne ainsi « presque toute seule », y compris quand Bernard Jomard parcourt le monde pour décrocher ses contrats. En outre, l'entreprise doit lancer tous les ans de nouveaux modèles qui consomment moins d'eau, moins de détergents et moins d'énergie. « Mais la technologie ne sert à rien si on ne peut pas la vendre », insiste le gérant de Danube qui propose « la technologie la plus en avance du marché et les prix les plus attractifs ».Autant de recettes qui expliquent le développement de cette PME, en croissance de 65 % depuis 2006, et des ventes à l'international qui représentent 70 % de l'activité. Le marché français n'est pas pour autant délaissé : Danube vient ainsi d'équiper les nouvelles prisons et vise les bateaux de croisière et la grande hôtellerie. La crise a pourtant affecté la PME : le chiffre d'affaires a baissé de 4 % l'an passé. En 2010, l'activité restera stable même si certains marchés se sont effondrés, de 30 % notamment aux États-Unis. Mais Bernard Jomard est confiant : « Notre rentabilité est restée la même. Nos fondamentaux sont solides, nous devrions donc traverser cette période de basses eaux sans difficulté. »
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