Mariage avec Daimler : la revanche de Renault

Daimler a perdu de sa superbe arrogance. Le roi du haut de gamme, qui dissimulait mal jadis son mépris pour les petites voitures roturières, contraint au mariage avec le fabricant des Twingo et Dacia d'entrée de gamme... quelle ironie! Dieter Zetsche, président du prestigieux groupe de Stuttgart, et Carlos Ghosn, PDG de Renault et Nissan, ont annoncé mercredi à Bruxelles une « coopération stratégique étendue ». Une sorte de grand meccano industriel, scellé par de symboliques prises de participations réciproques, lesquelles pourraient évoluer dans les quatre ou cinq ans. Le spécialiste allemand de la grosse voiture, dont les tarifs culminent à plus de 100.000 euros pour la limousine Classe S voire 500.000 pour le roadster SLR, était demandeur. Cette alliance prévoit de « renforcer la compétitivité dans le segment des petits véhicules » (voir ci-contre). Là où la firme germanique est faible. L'alliance vise notamment « une large mise en commun des moteurs et le développement conjoint de futurs projets ». Daimler accède aux technologies et aux coûts de production compétitifs de son partenaire français dans les véhicules à vocation citadine. En échange, Renault réduit les coûts de développement et de fabrication de ses composants. Une bonne nouvelle pour l'emploi. « à très court terme », Carlos Ghosn estime en effet la charge de travail additionnelle à « l'équivalent de plus de 1.000 personnes », dont la moitié d'ingénieurs. Pour sa part, Daimler fournira des gros moteurs à essence et diesel à Infiniti, la marque de luxe de Nissan, qui n'arrive pas à percer en Europe. Des possibilités d'échanges de modules et de composants entre les véhicules Infiniti et Mercedes-Benz sont également envisagés. Tout comme des coopérations régionales aux Etats-Unis, en Chine et au Japon. explorer les opportunitésEn outre, Renault, Nissan et Daimler exploreront les opportunités d'un co-développement dans les véhicules électriques et les batteries. Les deux patrons escomptent au moins deux milliards d'euros de synergies chacun dans les cinq ans.Grâce à l'accord avec Daimler, l'alliance Renault-Nissan se retrouve « dans le club fermé des constructeurs qui fabriquent plus de 7 millions de voitures », souligne Carlos Ghosn dans une interview au Monde. « Je ne vois pas comment un constructeur qui ne produit que 2 ou 3 millions de voitures peut faire face  », ajoute-t-il, à l'adresse indirecte de... PSA. Les ventes du nouvel ensemble atteignent au cumul 7,3 millions d'unités (en 2009). Soit le quatrième rang mondial - théorique - derrière Volkswagen (8,6 millions avec le japonais Suzuki) Toyota (7,8) et GM (7,5). Ce nouveau mariage constitue en tous cas une belle revanche pour Carlos Ghosn. Après avoit échoué à remplir les objectifs du Renault Contrat 2009 et affiché le plus fort déficit net de l'industrie automobile mondiale en 2009, tancé par les pouvoirs publics pour ses délocalisations, empêtré dans l'échec de la firme au losange dans le haut et la moyenne gamme (Laguna), en difficulté sur certains projets à long terme comme la restructuration d'Avtovaz, en Russie, le PDG de Renault repart à l'offensive et occupe à nouveau le devant de la scène mondiale.
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