L'aéronautique française se satisferait d'un euro valant 1,20 dollar

La crise ? Son impact sur l'industrie aéronautique française a été, dans son ensemble, plutôt limité. Le chiffre d'affaires des entreprises membres du Gifas (groupement des industries françaises aéronautiques et spatiales) n'a que légèrement diminué en 2009, de 2,2 % , à 35,8 milliards d'euros. Un niveau qui devrait rester stable en 2010, avant une reprise espérée en 2011. En revanche, la robustesse de l'euro par rapport au dollar, en dépit de son repli actuel, demeure un handicap structurel majeur pour les entreprises françaises face aux concurrents, américains aujourd'hui et issus des pays émergents demain. Leurs recettes sont, comme c'est la règle dans ce secteur, libellées en dollars quand leurs coûts sont majoritairement en euros.« C'est vraiment une menace lourde », indiquait mercredi le président du Gifas Jean-Paul Herteman, également président du directoire de Safran. « L'affaiblissement actuel de l'euro (à 1,33 dollar) ne change pas la donne, alors que la parité d'équilibre serait plutôt aux alentours de 1,20 », a-t-il expliqué. Chaque appréciation de 10 centimes de l'euro au dessus de ce point d'équilibre fait perdre en moyenne deux points de marge opérationnelle. Selon les calculs du Gifas, la parité moyenne entre 2007 et 2009 s'est située à 1,41 dollar. Cette « sur-appréciation » de l'euro aurait engendré un manque à gagner de 4,3 milliards d'euros de capacités d'autofinancement pour le secteur. Soit deux années de recherche et développement autofinancée et 7.000 emplois non créés par an en France. Produire et acheter davantage en zone dollar réduit l'exposition face au billet vert. Mais, selon Jean-Paul Herteman, cette politique atteint vite ses limites, à la fois sociales et stratégiques, les industriels ne pouvant transférer hors de France des technologies clés. D'où un énième appel à une régulation monétaire, seule « vraie » réponse pour le Gifas. Car l'industrie française se passerait bien de ce boulet, alors qu'elle doit continuer à investir massivement dans des technologies si elle veut garder son rang face à la concurrence future des pays émergents, Chine en tête. « Dans les prochaines années ou décennies, ils seront des acteurs importants. Cela ne sert à rien de le nier », note Jean-Paul Herteman. Aujourd'hui, ils constituent déjà le premier débouché des produits occidentaux.Fabrice Gliszczynsk
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