La sécurité à l'école à l'épreuve de la rigueur budgétaire

Tout remettre à plat sans tabou. » C'est le défi lancé mercredi en Sorbonne par Eric Debarbieux, à l'ouverture des états généraux de la sécurité à l'école, dont les travaux doivent s'achever jeudi. Pour le chercheur en sciences de l'éducation, président du conseil scientifique des états généraux, il faut en finir avec cette politique « court-termiste » qui a vu se succéder sans résultats 13 plans en 20 ans. Pour preuve, les incidents, parfois dramatiques, qui se sont multipliés depuis le début de l'année et ont conduit le ministre de l'Education nationale à lancer ces états généraux. PragmatismeRéunissant représentants de la communauté éducative, associations, parents d'élèves et scientifiques, cet événement doit tenter de « dépasser l'opposition entre les tenants du tout sécuritaire et ceux du tout pédagogique » afin de trouver des « solutions pragmatiques et innovantes », a martelé Luc Chatel. Autant dire qu'après les récentes mesures sécuritaires (accélération du plan de sanctuarisation des établissements, équipes mobiles de sécurité..), les conclusions des états généraux sont attendues au tournant. Même si personne n'est dupe. Car syndicats enseignants et lycéens et parents d'élèves sont unanimes : il faut d'abord, comme l'a déclaré mercredi l'ancien ministre de l'Education Jack Lang, arrêter de « saigner à blanc » l'Education nationale. Depuis 2007, les suppressions de postes, en vertu de la règle du non remplacement d'un fonctionnaire sur deux partant à la retraite, ont atteint près de 50.000 (dont 16.000 à la rentrée 2010). Et selon plusieurs sources, 14.000 postes devraient à nouveau être sacrifiés en 2011. De quoi annuler les effectifs supplémentaires d'encadrement accordés à la fin des années 90 (conseillers d'éducation, surveillants...). Ces personnels sont ainsi passés de 97.727 en 2003 à 81.300 en 2008, selon le PLF 2010. Parallèlement, les contingents de Rased (réseaux d'aide spécialisés aux élèves en difficulté) et de remplaçants ont été largement rognés. Résultat : plus d'élèves par enseignant.A cette logique comptable s'ajoutent d'autres éléments qui pèsent sur les conditions de travail des enseignants : leur formation aux situations de crise, déjà très réduite, devrait souffrir de la réforme de leurs études qui prévoit moins de stages pratiques. La récente revalorisation salariale n'a quant à elle pas été à la hauteur des attentes. Reste aussi à ouvrir les chantiers des affectations, trop de débutants étant nommés dans des zones difficiles.
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