La Chine s'ouvre à une appréciation du yuan

Et si la Chine avait pris conscience que l'appréciation de sa monnaie constituait le meilleur rempart contre la surchauffe de son économie ? Et si les Américains s'étaient enfin rendu compte, comme les Européens l'avaient déjà bien compris, que le « forcing » monétaire braquait les responsables de l'ex-Empire du Milieu ? Ce n'est en tout cas pas un hasard si des informations sur l'adoption prochaine par Pékin d'une politique de change plus flexible circulaient à la veille de la visite impromptue du secrétaire américain au Trésor en Chine ce jeudi. Il ne se sera passé que cinq jours entre cette visite, qui n'a été rendue publique qu'hier, et la décision de Tim Geithner de différer sine die la publication, prévue le 15 avril, du rapport semestriel des états-Unis sur le taux de change des devises étrangères. Une initiative qui lui permet de ne pas trancher la question épineuse de savoir si la Chine manipule le cours du yuan. Cette tentative de conciliation intervient au moment où la guerre monétaire entre les deux protagonistes était sur le point d'éclater. Aux injonctions incessantes de Washington réclamant une réévaluation du yuan jugé indument sous-évalué, Pékin repliquait immanquablement qu'il ne se laisserait pas intimider. « Nous ne céderons à aucune pression visant à nous contraindre à une appréciation de notre monnaie », répliquait inlassablement le premier ministre, Wen Jiabao.Le renoncement - même temporaire - de Washington à accuser Pékin de manipulation du yuan a été suivi immédiatement par une concession de la Chine, qui ne joue que donnant-donnant. Mercredi, la CNDR, la Commission nationale du développement et des réformes, qui a plus de poids politique qu'aucune autre instance gouvernementale, a laissé entendre que la Chine pourrait mettre un terme à l'arrimage du yuan au dollar qu'elle avait rétabli à l'été 2008, au cours fixe de 6,83 yuan pour un dollar. La formule est alambiquée mais elle donne le ton : « la Chine maintiendra sa monnaie relativement stable à un niveau d'équilibre raisonnable, mais avertira les exportateurs des risques éventuels afin qu'ils minimisent leurs pertes », déclare la CNDR. Après une série de « tests de résistance » pour évaluer la capacité des exportateurs à absorber une appréciation du yuan qui pourrait éroder leurs marges, le gouvernement les prépareraient à une remontée du renminbi, l'autre nom du yuan. Cette revalorisation pourrait passer par une réévaluation symbolique (comme les 2,1 % consentis en juillet 2005), suivie par une appréciation graduelle et contrôlée, dont l'initiative reviendrait à Pékin. Au total, de l'été 2005 à l'été 2008, la Chine avait laissé sa monnaie gagner 21 % de sa valeur face au dollar.
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