La délocalisation informatique ralentit en période de crise

Curieux constat que celui dressé par le Syntec Informatique, la chambre patronale des SSII et des éditeurs de logiciels français : malgré la crise économique, l'offshore - c'est-à-dire la délocalisation dans des pays à bas coûts salariaux d'une partie des systèmes d'information des entreprises françaises - ne s'est pas développé de façon significative en 2009. Il se serait même stabilisé, à 4 % du marché français des services informatiques. Un paradoxe à l'heure où les groupes français cherchaient par tous les moyens à réduire leurs coûts. Oui mais voilà, la délocalisation n'est pas si simple à mettre en oeuvre en période de crise. « Au sein de groupes où les instances sociales sont très réactives, l'offshore peut être politiquement incorrect », explique Nicolas Tarbé de Saint Hardouin, consultant chez Compass Management Consulting. « En France, durant la récession de l'an dernier, il y a eu un message social fort pour défendre l'emploi, non seulement de la part des syndicats mais également de la part de l'opinion publique. Le moment n'était donc pas idéal pour annoncer la signature de contrats d'offshore. De fait, en 2009, les donneurs d'ordre nous ont moins questionné que par le passé sur les services qu'ils pouvaient délocaliser. Certains nous ont même demandé s'il ne leur reviendrait pas moins cher de garder des activités en interne », renchérit Catherine Le Louarn, directeur associé du cabinet de conseil en systèmes d'information Solucom. Et d'insister : « Le discours sur l'offshore passe mieux en période de croissance économique. Si la crise n'est pas le meilleur moment pour délocaliser son informatique, c'est également parce que les contrats d'offshore, avant de déboucher sur des réductions de coûts, nécessitent des investissements de plusieurs millions d'euros. Aussi les entreprises préfèrent-elles attendre des jours meilleurs avant de se lancer dans l'offshore. » Le rythme reste élev髠Il est vrai que l'offshore a ralenti en France, en 2009. Mais cela résulte aussi du gel global des nouveaux projets informatiques, qu'ils soient offshore ou non, compte-tenu d'un environnement économique difficile », nuance Frédéric Giron, directeur des études chez Pierre Audoin Consultants. Il précise que si la progression de l'offshore en France est passée d'une fourchette de 35 % à 40 % en 2008 à une fourchette de 15 % à 20 % l'an dernier, ce rythme reste fort. De plus, « la mise en oeuvre d'un important contrat d'offshore prend un an environ. Aussi, il est très possible que des contrats décidés l'an dernier ne se concrétisent que cette année », reconnaît Catherine Le Louarn. De fait, Frédéric Giron table pour 2010 sur une croissance de 20 % à 25 % de l'offshore en France, convaincu que « la crise a constitué un catalyseur pour des entreprises qui ne délocalisaient pas encore ». n
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