"L'Engrenage", un livre-confession qui veut prendre l'opinion à témoin

Un jeune homme passionné de finance, jeté dans le grand bain des marchés, et qui finit par « basculer » sous l'effet des « injonctions paradoxales » d'un système qui l'encourage à contourner les règles et à prendre toujours plus de risques pour faire tourner la « machine à fabriquer du fric ». C'est ainsi que Jérôme Kerviel, l'ancien trader de la Société Généralecute; Générale, accusé d'une fraude qui s'est soldée par une perte de 4,9 milliards d'euros, se présente dans son livre « l'Engrenage, mémoires d'un trader », publié mercredi chez Flammarion (19,90 euros).S'attirer la sympathieDéjà connue, sa thèse tient en une phrase : « Tous mes faits et gestes étaient visibles et contrôlés. » A défaut d'avoir convaincu les juges d'instruction Renaud Van Ruymbeke et Françoise Desset, qui l'ont renvoyé seul devant le tribunal correctionnel de Paris, il tente ainsi de s'attirer la sympathie d'une opinion publique choquée par les excès de la finance - et, peut-être, de se constituer un pécule pour financer sa défense.« Convaincu d'oeuvrer dans le seul intérêt de la banque », Jérôme Kerviel explique notamment que ses «stratégies de trading » ont fait gagner 1,4 milliard sur l'année 2007, somme qui « apparaissait en trésorerie et en comptabilité », sans recevoir « jamais le moindre mot de mise en garde, de rappel au règlement ». Mais il est moins disert sur le fait que ces mêmes stratégies étaient perdantes de plus de 2 milliards mi-2007, avant que n'éclate la crise du subprime. Un montant dont il serait pour le moins étonnant que ses supérieurs aient pu se désintéresser.« Secret de Polichinelle »A défaut de révélations (que son avocat, maître Olivier Metzner, assure garder pour l'audience), l'ouvrage fourmille d'anecdotes sur l'année qui a précédé l'annonce de la perte, le 24 janvier 2008. L'objectif : convaincre que les agissements qui lui sont aujourd'hui reprochés, à savoir la réalisation d'opérations fictives afin d'outrepasser les limites qui lui étaient fixées, jusqu'à prendre des positions de 50 milliards d'euros, étaient un « secret de Polichinelle ». Et que ses supérieurs l'ont, sinon encouragé, du moins laissé faire. «Savoir prendre le maximum de risques pour faire gagner à la banque le maximum d'argent », voilà comment l'ex-trader décrit le « modus operandi » des salles de marché.
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