Pour la Société Générale, « une telle fraude ne pourrait plus arriver »

« Une fraude d'une ampleur comparable à celle commise par Jérôme Kerviel ne pourrait plus arriver aujourd'hui », déclare à "La Tribune", la Société Généralecute; Générale. Comment la banque de la Défense peut-elle être aussi affirmative ? « Après la fraude Kerviel, nous avons lancé le programme Fighting Back, qui a mobilisé jusqu'à 200 personnes sur 18 mois, pour un investissement de 130 millions d'euros, sous la supervision du cabinet PricewaterhouseCoopers », indique un porte parole de SG CIB, le pôle qui héberge les activités de marché.« Dès la découverte de la fraude, nous avons lancé un « plan de remédiation » qui a consisté à modifier sans délai une quinzaine de points techniques pour empêcher qu'une fraude du même type ne se reproduise », précise la banque. Départ différéPour camoufler ses positions non autorisées, qui ont atteint 50 milliards en janvier 2008, Jérôme Kerviel a utilisé différentes techniques de dissimulation. Il a notamment détourné la pratique de marché des « opérations à départ différé », qui consiste à ne confirmer ce type d'opérations que quelques jours avant leur date de départ, en annulant ses opérations fictives avant la demande de confirmation, et en les remplaçant ensuite par d'autres du même type », détaille la banque. En réponse, SocGen a changé ses procédures en envoyant les demandes de confirmation sur le champ, et en s'astreignant à contacter directement la contrepartie en cas de non réponse. Limites en nominalAutre exemple parlant, « les limites d'engagement en montant nominal avaient pris une importance secondaire car les banques ont concentré leurs contrôles sur le risque de marché. Mais en l'occurrence, celui-ci semblait sous contrôle, car son véritable niveau était masqué par les opérations fictives réalisées par Kerviel ». La banque a donc instauré des limites strictes en nominal, tant sur la position totale (le stock) que sur les flux lorsque les opérations dépassent un certain niveau.Tirer toutes les leçonsDans la foulée, Société Généralecute; Générale a lancé un plan de « transformation », qui visait à « tirer toutes les leçons de cette affaire en rendant l'environnement de contrôle et la culture interne plus propices à la prévention des fraudes », indique la banque. Un plan qui s'est articulé autour de quatre grands thèmes. « Nous avons modifié l'organisation du middle-office pour accroître la spécialisation des tâches de ses membres et bien séparer l'assistance aux traders, désormais rattachée au front-office, et les tâches de saisie et de contrôle des opérations ». Une façon d'éviter toute ambiguïté entre les différents rôles et tout conflit d'intérêt potentiel dans l'esprit des membres du middle-office. Contrôler le résultat« Nous avons aussi créé fin 2008 un groupe chargé de contrôler le compte de résultat des traders, transversal à toutes les activités de marché, doté de méthodes standardisées et intégré à la direction comptable et financière ».Un groupe baptisé « SAFE » a en outre été chargé d'étudier l'organisation des processus et leur sécurité. Doté d'une vision transversale, il reçoit toutes les alertes, qui étaient précédemment adressées à différents niveaux de contrôle. La banque a par ailleurs investi lourdement dans le renforcement de la sécurité informatique, même si cet aspect n'a pas joué de rôle dans l'affaire Kerviel. Démarche d'amélioration continueLe dernier axe d'amélioration a porté sur la culture interne, pour renforcer la sensibilisation au risque de fraude, en faisant en sorte, par exemple, que les alertes soient mieux suivies et que les explications fournies par les traders soient davantage approfondies par les contrôleurs, comme ils ont manqué de le faire à de nombreuses reprises dans l'affaire Kerviel.7.800 salariés, soit la plupart des traders, assistants et contrôleurs, ont ainsi bénéficié d'une formation à la prévention de la fraude, tandis que la banque formalisait le cadre du contrôle en développant des manuels détaillés pour chaque type de poste. Depuis, la banque indique s'être engagée dans une démarche d'amélioration continue, notamment à travers le programme « Résolution », destiné à "améliorer l'efficacité opérationnelle et la sécurité dans son ensemble". Fraude chez CalyonAu Crédit Agricolegricole, on a pris un peu d'avance sur les concurrents en matière de renforcement des contrôles, à cause, précisément, de la fraude d'un trader. Fin août 2007 dans une salle de marché de Calyon (devenue Crédit Agricolegricole Corporate and Investment Bank) à New York, un trader prend des positions frauduleuses qui, compte tenu de leur niveau, auraient pu mettre en danger la banque. Le débouclage de l'opération permet de limiter à 250 millions d'euros le montant des pertes. Dans la foulée, la banque verte revoit toute ses procédures et son organisation pour renforcer son contrôle des risques. Elle lance le « Programme Marly » qui sera accompagné à partir de début 2008, par des investissements systèmes de 100 millions d'euros. 22 chantiersL'affaire Kerviel en janvier 2008 conduit la ministre de l'Economie Christine Lagarde a demander aux banques françaises de faire une revue de leurs activités du point de vue de ce type de risque. Crédit Agricolegricole a déjà lancé certains des 22 chantiers qui passent au crible tous les processus. Le programme s'organise autour de trois thématiques : le resserrement des dispositifs de contrôle, la responsabilisation du front office et de la chaîne de commandement, et enfin l'amendement de la chaîne de décision.
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