Jérôme Kerviel, dernier tour de piste médiatique avant procès

En difficulté sur le plan judiciaire, Jérôme Kerviel tente une nouvelle offensive sur le terrain médiatique. La sortie de son livre « l'Engrenage, mémoires d'un trader », mercredi, a en effet permis à l'ancien collaborateur de la Société Généralecute; Générale, accusé d'une fraude qui s'est soldée en janvier 2008 par une perte record de 4,9 milliards d'euros, de s'exprimer partout depuis une semaine. Avec, en point d'orgue, un passage au journal de « 20 heures » de France 2, dimanche dernier. L'objectif de ce plan média musclé : présenter Kerviel comme « un homme qui reconnaît ses fautes, mais refuse de payer pour un système financier devenu fou », comme l'indique la quatrième de couverture.Arguments écartésReste que le jeune homme de 33 ans aura sans doute bien du mal à échapper à une sanction pénale, au vu de l'ordonnance de renvoi rédigée en août 2009 par les juges d'instruction Renaud Van Ruymbeke et Françoise Desset. Après dix-huit mois d'instruction, ces derniers ont écarté tous ses arguments visant à impliquer sa hiérarchie pour le renvoyer seul devant le tribunal correctionnel de Paris, où il sera jugé du 8 au 25 juin. Ils ont notamment rejeté la dernière demande d'actes complémentaires formulée le 23 avril par l'avocat de Jérôme Kerviel, maître Olivier Metzner, en invoquant leur caractère « superfétatoire ou dilatoire ».Jusqu'à cinq ans de prisonLes juges du pôle financier ont finalement retenu trois chefs d'accusation, « abus de confiance, introduction frauduleuse de données dans un système de traitement automatisé, et faux et usage de faux ». Jérôme Kerviel encourt donc jusqu'à cinq ans de prison ferme et 375.000 euros d'amende. En revanche, la circonstance aggravante liée à l'usurpation d'identifiant n'a pas été retenue, pas plus que le chef d'accusation de tentative d'escroquerie, car Jérôme Kerviel n'a pas détourné d'argent à son profit.Sanction exemplaireDe son côté, la « Société Généralecute; Générale tient à rappeler qu'elle a été la victime, en 2008, d'une fraude exceptionnelle », qui a « mis en péril la banque, ses 160.000 collaborateurs, mais aussi l'ensemble de ses clients et actionnaires », selon la « position » publiée sur son site Internet. « Pour le reste, Société Généralecute; Générale renvoie au procès, dont elle attend une sanction exemplaire pour que de tels agissements ne puissent jamais se reproduire ».La CGT en renfortLa direction de la banque a reçu mercredi, jour de la sortie du livre, un renfort plutôt inattendu. Dans un communiqué, la CGT Société Généralecute; Générale, qui indique avoir « eu à se préoccuper de la défense des droits de salariés qui travaillaient avec Jérôme Kerviel », estime qu'il n'est pas « crédible de prétendre que s'engager sur 50 milliards [comme l'a fait Jérôme Kerviel, Ndlr] a pu être un acte partagé avec eux, ou encore une pratique courante dans l'entreprise ».
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