Claude Monet, un maître de l'abstraction

Il y a, entre lui et la nature, la distance du rêve. Le moment où l'on traduit l'émotion simplement par la couleur, le geste et la lumière. Monet, s'il fut un temps impressionniste, reste celui par qui l'art moderne est arrivé. Son regard efface tout réalisme. Il laisse la place à l'évocation, à la forme, à l'efflorescence d'une réalité qui prend sa source dans la peinture même. Puissance, force et féminité se rejoignent dans des compositions où s'épanouissent également sensualité et volupté. Monet est un jouisseur et sa peinture en est le reflet. Autant d'audace ne pouvait se figer dans une seule époque. Le résident de Giverny ne pouvait qu'inspirer les peintres modernes, en particulier les Américains, ceux du mouvement de l'abstraction lyrique. C'est tout le thème de cette exposition que présente le musée Marmottan. Une exposition fragile dans son propos même. Si l'on peut faire un rapprochement par l'esprit, voire par la forme, entre Monet et certains artistes, il arrive que parfois on sollicite un peu trop cet effet de miroir. Mais lorsqu'on voit aux côtés des « drippings » [superpositions de couleurs, Ndlr] de Pollock la pluie de couleurs provoquée par Monet peignant les « Glycines », il y a ? dépassant le simple mimétisme ? un reflet évident, une communion entre les deux artistes. Parentés et correspondancesDe même, Joan Mitchell avec sa floraison de couleurs et de gestes est très proche des « Nymphéas », de cette peinture qui n'exprime que l'essence des choses, comme si on était à une aube naissante. Il vrai que Joan Mitchell a vécu et travaillé à Vétheuil, un village très proche de Giverny. Avec des couleurs et des lumières semblables. Si Rothko et ses monochromes orangés peuvent aisément être rapprochés d' « Impression, soleil levant » de Monet, presque une citation, d'autres confrontations ou parentés s'avèrent plus aléatoires. En particulier, celles établies avec le « Scintillement rouge » de Hans Hofmann ou encore avec Adolph Gottlieb ou Esteban Vicente. On peut tout faire dire à un tableau dans ce genre de correspondances. Reste que cette exposition est un délice pour le regard et un vrai plaisir. On redécouvre des toiles de Monet comme sa série des « Glycines », ses saules pleureurs, frémissements de gestes qui demeurent dans la jouissance de l'instant, ses agapanthes, fleurs d'une incroyable féminité. Que dire des « Nymphéas » qui sont comme les immortelles de la peinture ? n Jusqu'au 26 septembre. Musée Marmottan, 2, rue Louis-Boilly, Paris 16e, www.marmottan.com
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