La guerre contre le dollar encourage le dumping monétaire

La cabale contre l'hégémonie du dollar lancée par la Chine a un redoutable effet pervers. Confrontés à un billet vert fondant, les pays dont les monnaies se sont le plus vigoureusement appréciées face au dollar ? et elles sont légion à avoir encaissé bien plus que l'euro (voir tableau ci-dessus) ? contre-attaquent. À coups de manipulations monétaires tous azimuts. Les plus actifs sont les pays asiatiques, qui engrangent des tombereaux de dollars pour freiner la hausse de leurs monnaies, dont certaines sont à leurs plus hauts niveaux depuis un an. Ils détiennent désormais dans leurs coffres 66 % des réserves de change mondiales contre 62 % il y a un an. Quasi quotidiennement, la Corée du Sud, l'Inde, les Philippines, Singapour ou la Thaïlande, sans parler de la Chine, interviennent sur le marché des changes en achetant des dollars contre leurs won, roupie, peso et autres baht et yuan.sport international Mais le monde émergent, coutumier du fait, n'est pas seul en cause. En Europe, la Suisse bride son franc depuis la fin de l'hiver dernier, pour l'empêcher de laminer la compétitivité helvétique déjà mise à mal par la crise et la Grande-Bretagne n'a rien à lui envier (lire ci-contre). Elles ont fait des émules. Tout récemment, le Canada et la Nouvelle-Zélande, dont les dollars sont au plus haut de l'année face au billet vert, ont pris des mesures pour favoriser leur décrue. Et ces derniers jours, même la Russie a été détectée sur le marché : après les attaques subies par son rouble durant l'hiver, elle tente aujourd'hui de prévenir une reprise trop rapide en achetant des dollars, comme l'atteste le gonflement de ses réserves de change, repassées au-dessus de 410 milliards de dollars. Pour la seule journée d'hier, la Banque de Russie est soupçonnée d'avoir acquis entre 1,5 et 2 milliards de dollars. Et désormais, la reprise des interventions de la Banque du Japon, absente du marché des changes depuis 2004, n'est plus à écarter.Le dumping monétaire est devenu le sport international le plus en vogue. Mais il est extrêmement dangereux, car il risque de déboucher sur une guerre des changes. Et il est interdit par la charte du FMI, ce que tout le monde semble avoir oublié. I. C.
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