Moscou cherche à reconstituer sa zone d'influence en Europe de l'Est

diplomatieLa Russie fait miroiter de gros prêts à ses anciens alliés socialistes en l'échange de conditions d'investissement favorables pour les entreprises russes. Le Kremlin espère ainsi contrecarrer l'influence grandissante de l'Europe et de la Chine.Il n'a pas échappé à Moscou que nombre de pays qui appartenaient à l'époque de la guerre froide au bloc du Comecon sont aujourd'hui secoués par la crise globale et se trouvent dans une situation budgétaire catastrophique. La Russie, qui dispose de plus de 400 milliards de dollars de réserves en devises, a été courtisée par plusieurs États dans les coulisses de l'assemblée annuelle du FMI, le week-end dernier à Istanbul. Pris d'un accès de générosité non dénué d'arrière-pensées, le gouvernement russe, via le ministre des Finances, Alexeï Koudrine, s'est déclaré lundi prêt à accorder un prêt de 1 milliard d'euros à la Serbie. En échange, Belgrade apporte sa garantie que les sociétés russes pourront participer à une série de projets juteux. Le gouvernement serbe veut utiliser 350 millions d'euros du prêt russe pour combler son déficit budgétaire. Une contrepartie à ce prêt a été offerte dès janvier 2009, lorsque le pétrolier d'État russe Gazprom Neft a acquis la majorité du capital du monopole pétrolier serbe NIS pour 400 millions d'euros.Moscou a par ailleurs tendu la main à Sofia pour le projet de centrale nucléaire de Belene. Il est prêt à offrir un crédit de 3,8 milliards d'euros pour sceller le contrat de construction qu'a obtenu à l'arraché le holding nucléaire d'État russe Atomstroïexport. Le ministre russe de l'Énergie, Sergueï Chmatko, envisage en outre de prendre une part dans la future centrale de 2 gigawatts dont Sofia détient 51 % et l'Allemand RWE les 49 % restant. Craignant de froisser les Européens, le gouvernement bulgare s'est empressé de dire que l'offre russe n'avait pas été sollicitée.engagementÀ Istanbul, les pays en quête d'aide étaient nombreux, mais tous n'ont pas bénéficié de la sollicitude du grand frère russe. Ainsi la Biélorussie devra se contenter du prêt de 2 milliards de dollars dont elle vient de recevoir la dernière tranche (500 millions de dollars). Alexeï Koudrine a profité de l'occasion pour, à la manière du FMI, assortir un hypothétique futur prêt d'une demande de réforme monétaire. De son côté, l'Ukraine a réclamé en vain 5 milliards de dollars pour sécuriser son approvisionnement en gaz. Mais Moscou attend que la tension politique monte alors que le pays se prépare à la présidentielle de janvier. Le Kremlin saura alors obtenir davantage de Kiev. Quant aux autres quémandeurs, ils gardent espoir. Moscou s'est engagé à investir un total de 50 milliards de dollars dans un fonds destiné à aider les pays pauvres frappés par la crise.Emmanuel Grynszpan, à Moscou
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