La pénurie de blé attire les intervenants sur Nyse Liffe

L'activité « matières premières » de Nyse Euronext doit une fière chandelle à... la Russie cette année. En décidant un embargo sur le blé russe ravagé par les incendies, le pays a aussi enflammé les marchés à terme. Depuis la mi-juillet, les cours de la céréale se sont envolés de 33 % ; les volumes traités battent de leurs côtés des records. Selon un communiqué de la place de marché, les volumes des dérivés toutes matières premières confondues affichent une progression de 48 % sur le mois de septembre, passant de 52.000 à 77.000 contrats, et ce principalement à cause du contrat sur le blé, dont les volumes ont triplé. L'outil est devenu incontournable alors « qu'on assiste à un vrai risque de pénurie » selon Arnaud de Kerpoisson chez Offre et Demande Agricole. Faute d'en trouver sur les autres canaux du négoce, les acheteurs classiques utilisent le marché à terme non pas pour se couvrir, mais simplement pour être sûr d'obtenir la marchandise en temps voulu, avec une qualité garantie. Le Nyse Liffe est en effet adossé à un marché physique, et les contrats d'achats à terme peuvent donner lieu à livraison.Les stocks de blé réellement disponibles sont en effet inférieurs aux chiffres avancés par la FAO et l'USDA, les deux principales références sur les céréales. Sur les 170 millions de stocks, 60 millions de tonnes se trouvent en Chine, et 20 millions en Inde. Mais ces deux pays sont des importateurs de blé, et leurs stocks se trouvent trop loin des ports pour être exportés. « Le niveau des stocks est donc aussi faible qu'en 2008, lors de la dernière envolée des cours », assure Arnaud de Kerpoisson. Cette situation favorise le blé français, qui vaut aujourd'hui 30 euros de plus par tonne que son équivalent américain. Si les rendements ont chuté en France, avec une récolte de blé meunier en baisse de 1,4 % à 35,74 millions de tonnes, la qualité de la production est bonne. En Allemagne et en Pologne, des récoltes de blé ont été déclassées en blé fourrager en raison de leur piètre qualité, après des pluies abondantes durant la récolte. Quant aux blés de la Mer Noire, ils sont indisponibles. L'Ukraine, qui empêchait de facto toute cargaison de sortir du pays depuis cet été pour des raisons soi-disant sanitaires, a annoncé jeudi des quotas officiels à l'exportation de céréales, tout comme la Russie l'avait fait début août. La légère rechute des blés français s'explique surtout par le recul de 10 % du dollar sur la même période. « Si le dollar n'avait pas baissé, ce marché n'aurait pas bougé ! » assure Arnaud de Kerpoisson, qui voit la tonne de blé s'agripper au-dessus des 200 dollars tant que les incertitudes demeureront sur l'offre.
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