Le bébé crédit et l'eau du bain

Les images d'Épinal sont souvent trompeuses. Le microcrédit, porté par des hommes et des femmes liges aussi médiatiques et efficaces que le Prix Nobel d'économie Muhammad Yunus, Jacques Attali ou Maria Nowak, peut paraître comme la réponse idéale aux excès du capitalisme dérégulé, celui des Madoff et des stars déchus des subprimes, comme Angelo Mozilo, l'ex-patron du spécialiste du crédit immobilier Countrywide. La vertu contre la cupidité, les petits contre les gros, le prêt solidaire contre l'usure... Attention toutefois aux caricatures : en économie comme ailleurs, qui veut faire l'ange fait la bête. La microfinance présente des avantages indéniables, elle n'est pas pour autant soluble dans l'eau de rose. Si ses taux de remboursement sont élevés, elle n'est pas à l'abri des sinistres. Si elle favorise le lancement de petites activités, elle se fait tout de même via des prêts à des taux d'intérêt conséquents. Et si elle se développe en Occident, c'est aussi parce que le crédit classique y devient plus difficile, après la crise et face à une croissance qui reste trop molle. Son modèle économique demeure marginal. Et ceux qui ont voulu mettre en Bourse les établissements pratiquant ce genre de financements risquent fort de s'y brûler les doigts. À moins de tordre le coup à sa vocation de générosité - certes bien ordonnée -, le microcrédit ne peut offrir les rendements généralement attendus par les marchés. Pas question pour autant de jeter le bébé avec l'eau du bain. En remettant la finance à portée humaine, cette pratique constitue une vraie réponse aux hommes et aux femmes désireux d'entreprendre ou forcés de le faire après avoir perdu leur emploi. Elle apporte une réponse aussi concrète que le statut de l'auto-entrepreneur l'a fait en termes juridiques. Cette exportation venue des pays émergents est certes un symbole spectaculaire du basculement du monde. Cela ne doit pas nous empêcher de faire du microcrédit un outil efficace pour rebondir à notre tour.oprovost@latribune .frParOlivier ProvostDirecteur adjoint de la rédaction
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