Cadbury, une tour imprenable  ?

Et si l'acquisition du confiseur Cadbury faisait pschitt ? Depuis l'annonce par Kraft de son offre publique d'achat hostile le 9 novembre dernier, immédiatement rejetée par Cadbury, le marché attendait les contre-offres de chevaliers blancs. Mais cette première semaine de janvier tient plus de la débandade que de la saine émulation ! Dernier recalé en date, l'italien Ferrero serait en train de jeter l'éponge, faute d'alliés et de financements. Selon l'agence Reuters, même uni au chocolatier américain Hershey, le propriétaire de Kinder et Nutella serait trop petit pour lever les fonds nécessaires à une telle acquisition. En contact ces dernières semaines avec les fonds d'investissemens Blackstone et KKR, Ferrero n'aurait pas trouvé plus de soutien de ce côté-là. Avant lui, Nestlé avait lui aussi mis fin aux spéculations mardi dernier en annonçant n'avoir aucune intention de participer à une offre sur Cadbury. Le directeur financier du géant suisse, Jim Singh, précisait d'ailleurs jeudi que son groupe avait déjà une taille suffisante dans la confiserie et ne procéderait désormais qu'à de petites acquisitions. Pour preuve, alors que tout le monde l'attendait sur des grosses opérations comme Cadbury ou L'Oréalcute;al, c'est finalement pour le petit business des pizzas surgelées de Kraft que Nestlé a ouvert son porte-monnaie mardi. Avec parcimonie : 2,5 milliards d'euros. La PDG de Kraft, Irène Rosenfeld, en mal d'argent frais, en a imédiatement profité pour relever son offre en numéraire sur Cadbury, l'augmentant de 60 pence par action, pour diminuer dans la même proportion la partie en action. Cadbury, ses barres chocolatées et ses chewing-gums semblent donc enfin à portée de main pour le géant américain... Mais, en plus des actionnaires de Cadbury, toujours pas convaincus, un deuxième obstacle s'est érigé à l'intérieur même du groupe. Profitant de toute cette agitation, le principal actionnaire de Kraft, le milliardaire Warren Buffett, a vite agité le drapeau rouge autour d'un surpaiement du confiseur et d'une trop grande dilution des actions si Kraft devait recourir à une trop grande augmentation de capital pour financer son achat. Irène Rosenfeld doit donc maintenant marcher sur des ?ufs. Elle devoilera les termes précis de son offre le 19 janvier prochain, date limite fixée par l'autorité britannique des fusions-acquisitions. Elle a également prolongé au 2 février la date butoir accordée aux actionnnaires de Cadbury pour accepter son offre. Il va falloir jouer serré, mais le jeu en vaut la chandelle. Car le chocolat et surtout les chewing-gums sont de vraies pépites, avec des marges respectives d'environ 10 % et 20 %. Selon Euromonitor, entre 1999 et 2008, les ventes mondiales de pâte à mâcher ont plus que doublé pour atteindre 23 milliards de dollars. Or Cadbury, avec ses marques Hollywood, Trident ou Stimorol, détient 29 % du marché, juste derrière Mars (35,4 %) qui n'a d'ailleurs pas hésité à débourser 23 milliards de dollars en avril 2008 pour mettre la main sur le leader mondial Wrigley. La course se jouera désormais en Inde et en Chine. Et Irène Rosenfeld a très envie d'y participer. À suivre...Sophie Lécluse
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