Est-il de bonne stratégie électorale de tenir, à droite, un discours antifonctionnaires ou d'annoncer des mesures difficiles à l'égard de la fonction publique, à la veille d'élections ? La réponse peut paraître évidente : les sympathisants de la droite apprécient le discours anti-ronds-de-cuir, qui ne peut que les mobiliser. Cette réponse doit être nuancée, estime Gaël Sliman, directeur de BVA Opinion. « Il n'y a pas grand intérêt à mobiliser le coeur de l'électorat de droite (les proches de l'UMP) qui, de toute façon, se déplace le jour du scrutin », affirme-t-il. « Ce sont des catégories ? retraités, professions libérales ? qui ne rechignent pas à aller voter. »Et de poursuivre : « Pour un Jacques Chirac, à l'image ?rad-soc?, cela pouvait être utile de mettre en avant des thèmes chers à la droite. Nicolas Sarkozy n'a pas cette image-là. Il n'en a pas besoin. 80 % des électeurs de droite approuvent son action. » Président de Cap (Conseil, analyse et perspective), Stéphane Rozès approuve : « Il existe un noyau dur à droite qu'un discours antifonctionnaires peut satisfaire. Mais l'intérêt est électoralement limité, puisque ce noyau est déjà mobilisé. »En outre, il y a un risque à multiplier les attaques contre les fonctionnaires, estime Gaël Sliman : c'est celui de mobiliser à gauche. « Plutôt enclins à l'abstention, les sympathisants de gauche ne demandent qu'un petit stimulus pur exprimer un vote sanction », affirme-t-il. Le leur donner, hier sur l'identité nationale et à présent sur les fonctionnaires, n'est pas forcément ce qu'il y a de plus pertinent d'un point de vue stratégique. »Stéphane Rozès souligne l'« ambivalence » des Français. « Si on leur parle de réformer la fonction publique, ils approuvent massivement. Mais ils ne veulent pas que cette politique soit dirigée contre les agents de l'État. L'idée de réforme prévaut, mais jamais, y compris à droite, contre les fonctionnaires. » I. B.

latribune.fr

09 Févr 2010, 9:53

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